Sa mort a été signée juste après les mesures d'ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international (FMI) dans les années 90'. Sa résurgence au cours de ces dernières années est éphémère. Pour Youcef Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), «la classe moyenne a complément disparu. Pour les autres classes, c'est une catastrophe. Au départ, ce qui a été fait comme classification ne répondait pas aux critères de la fonction publique. Il fallait d'abord normaliser. Il ne suffisait pas d'augmenter sans asseoir une économie productive de richesses pour ne pas tomber dans le cercle de l'inflation», dira-t-il. C'est le cas actuellement. «En 2008, lorsqu'il y a eu la nouvelle grille des salaires, les syndicats autonomes avaient dit qu'il fallait revoir le point indiciaire, car cela ne servait à rien d'augmenter des salaires qui allaient être engloutis par l'inflation. Ce qu'on nous donne d'une main, on le reprend d'une autre main. Ça augmente tellement qu'on n'arrive pas à suivre ce mouvement. Avec moins de 50 000 DA, on ne peut pas vivre dans la dignité», regrettera-t-il plaidant pour un Salaire national minimum garanti (SNMG) à 50 000 DA. «C'est scandaleux ! Si les gens ont fait l'effort d'étudier, ils doivent être rémunérés selon leur cursus. Or, il n'y a pas de place à l'échelle de valeurs», ajoutera-t-il. Evoquant l'impact de la situation économique actuelle, il notera : «La crise doit être partagée par tout le monde. Le rythme de vie de l'Etat doit changer lui aussi. On ne s'en sortira pas si on ne va pas vers une vision globale qui tient compte de l'échelle des valeurs et d'une économie assise sur des richesses et non sur la rente». Même avis du côté du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Son porte-parole, Meziane Meriane, dira : «On demande que cette crise soit supportée par tout le monde. On n'a pas participé à la dilapidation de l'économie et c'est à ceux qui l'ont fait de réduire leurs salaires et de montrer la justice sociale». Pour des mesures spécifiques Et ce, à travers des mesures spécifiques. M. Meriane citera la réduction de l'Impôt sur le revenu global (IRG) pour les salariés et l'augmentation des impôts pour les hauts salaires. «S'il y a maîtrise de l'évasion fiscale causée par le marché parallèle et les entreprises qui ne payent pas leurs impôts, on peut juguler la crise et venir à l'aide des bas salaires», poursuivra-t-il avant de rappeler : «Dans tous les pays, la classe moyenne est la locomotive de l'économie. Or, chez nous, cette classe a disparu. Avant, il y avait les bas salaires, les salaires moyens et les hauts salaires. La dévaluation du dinar, conjuguée à l'augmentation des hauts cadres et des bas salaires a laminé la classe moyenne. Ce qui fait qu'aujourd'hui on se retrouve avec une classe de prolétaires et une classe de riches». Comparant le pouvoir d'achat des années 80' et celui d'aujourd'hui, il précisera qu'avec 1 DA de la fin des années 70', le consommateur pouvait acheter une baguette de pain, deux kilos de sucre et deux sachets de lait. Ce qui est payé aujourd'hui à plus de 160 DA. D'où cette tendance à l'appauvrissement de la classe moyenne selon Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP). «On est en train d'appauvrir le travailleur, qu'il soit adossé à une formation ou non. La dégradation de la valeur du dinar, l'inflation et les difficultés à réguler le marché ont contribué à la disparition de cette classe», résumera le représentant du SNPSP pour qui la situation risque de s'aggraver en 2016. «Nous allons payer les conséquences. Il est inadmissible de payer l'échec des politiques. Ce n'est pas à travers cette tripartite qui a cautionné l'échec qu'on va faire face à la crise. Le gouvernement continue de tourner le dos aux travailleurs et à parler à lui-même. Ce qui ne règlera pas le problème», regrettera M. Meriane rejoint dans cet avis par Messaoud Amraoui, représentant de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Pour ce dernier, «la classe moyenne est quasi absente avec la baisse du pouvoir d'achat et l'effondrement de la monnaie nationale. Le salaire perçu ne suffit pas et ne fait pas vivre plus de 15 jours». Refusant de parler de crise et s'interrogeant sur l'issue des recettes pétrolières cumulées au cours de ces 15 dernières années, M. Amraoui plaide pour un système de bonne gouvernance et pour la rationalisation des dépenses. «On ne parlera pas d'augmentation de salaires. Cela ne servira à rien. Le plus important est de réguler les prix et de prendre des mesures dédiées à cette classe, notamment à travers l'instauration d'un indice de la cherté de la vie qui permettra de fixer une prime variable à accorder aux consommateurs», suggérera ce syndicaliste. Ce ne sont donc pas les propositions qui manquent. Mais du côté du gouvernement, l'on préfère continuer à parler du Pacte national économique et social pour la croissance et de ses avancées. Un point débattu lors de la dernière (18e tripartite) tenue la semaine dernière à Biskra, même si du côté des travailleurs on ne voit rien venir de concret.