Les syndicats autonomes n'ont pas été tendres avec les participants à la tripartite. Certains qualifient cette réunion de «monologue et de non-événement», d'autres de «mono partite, de mascarade et de fiasco». Les décisions rendues publiques dans la matinée de vendredi, à l'issue des travaux de la tripartite (gouvernement-patronat-centrale syndicale), ne laissent pas indifférents les syndicats autonomes. Même s'ils bénéficient d'une représentativité et d'une légitimité incontestables auprès des travailleurs dans leurs secteurs respectifs, ils n'ont pas été invités à prendre part à cette réunion, comme l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Ainsi, à en croire les propos tenus par les représentants des syndicats autonomes, ils sont unanimes à déclarer que la tripartite a beaucoup plus profité aux hauts cadres et au patronat, mais n'a en rien bénéficié à l'ensemble des travailleurs. Pour Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest, cette tripartite ne répond aucunement aux attentes des travailleurs. «C'est la montagne qui accouché d'une souris. Le relèvement du SNMG ne va pas à l'avantage du simple travailleur. Ce sont les hauts cadres, indexés au SNMG, qui bénéficieront de cette augmentation. Un haut fonctionnaire qui perçoit un salaire de 200 000 DA aura une augmentation de 40 000 DA. Donc, on voit clairement la différence avec le simple fonctionnaire qui subira à coup sûr les effets de l'inflation», a-t-il affirmé. De son côté, le SNPSSP qualifie les résultats de la tripartite de «non-événement» et de réunion «gouvernement-gouvernement». Pour le coordinateur du SNPSSP, Dr Yousfi, dès le départ, il y avait comme une fausse note, du fait que les véritables représentants des travailleurs ont été exclus de cet événement. Ce qui a été décidé était connu à l'avance. «Les deux mesures phare (baisse de l'IRG et abrogation de l'article 87 bis) qui devraient profiter réellement aux travailleurs ont été sciemment évacuées des travaux de la rencontre. Pourquoi ? Pour faire bénéficier uniquement le patronat et les hauts cadres de l'Etat de ces mesures», a-t-il appuyé. «De la poudre aux yeux» Pour sa part, le CLA considère que la tripartite, tenue le jeudi dernier, est une véritable «monopartite». C'est de la poudre aux yeux pour afficher sa soi-disant bonne volonté de se concerter avec les partenaires sociaux. En effet, selon le porte-parole, Idir Achour, le gouvernement a discuté et débattu avec lui-même et rendu des décisions de manière unilatérale, sans s'en référer aux véritables représentants des travailleurs. «D'ailleurs, les conclusions de cette tripartite vont à l'avantage des hauts fonctionnaires et du patronat qui a été gratifié dans ses investissements», a-t-il révélé. Le SNPSP affiche sa déception et se désole de la maigre augmentation qui a été accordée aux travailleurs. «Le gouvernement a fait de la politique de l'exclusion son cheval de bataille. Ça nous réconforte quelque part sur les craintes que nous avions quant à l'ouverture annoncée. Dans les résultats de cette tripartite, l'essentiel n'a pas été accordé. On est même loin des études menées par l'UGTA (syndicat qui roule pour le pouvoir). En somme, cet événement a été un rendez-vous entre partenaires qui courent après les mêmes intérêts», a assuré le Dr Merabet. «Mascarade et fiasco» Pour le SNTE, les résultats de la tripartite confirment une fois de plus le fossé qui sépare les travailleurs de l'éducation et les catégories les plus nanties du système. Selon le chargé de la communication de ce syndicat, Aït Hamouda, cette tripartite était une véritable «mascarade», un vrai «fiasco» à tous les points de vue. «Le travailleur est toujours condamné à cause de l'IRG. Il n'y a aucune amélioration. L'avenir des travailleurs a été très mal négocié», a-t-il tonné. Pour le Cnapest, ce conclave s'apparentait à un «monologue», une discussion à sens unique. Et au passage, il n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur l'UGTA qui, à ses yeux, n'a en aucun cas joué son rôle de représentant et de défenseur des intérêts des travailleurs. «On sait maintenant pourquoi les syndicats autonomes ont été écartés de cette tripartite. Le gouvernement voulait s'assurer qu'il n'y aura pas de voix discordante, il s'est réuni avec un syndicat (UGTA) qui appuie sa politique», a argué son coordinateur Larbi Nouar. «Normalement à la fin des travaux, il devrait dire que c'est l'UGTA qui a proposé cette augmentation. Mais il n'en était rien. Ils ont annoncé que c'est le gouvernement qui en a fait la proposition. Quelle humiliation pour le monde syndical», tempête-t-il. Enfin, pour l'Unpef, la tripartite, qui s'est tenue ce week-end, n'a pas été représentative. Selon le chargé de la communication de ce syndicat, Messaoud Amraoui, les décisions de la tripartite ne sont pas surprenantes. «De notre côté, franchement on ne s'attendait à rien de cet événement. Comment pourrions-nous attendre quelque chose de vraiment concret, alors que nous étions exclus de cette rencontre et ces décisions étaient prises à l'avance», s'est-il interrogé. «La cherté de la vie sera toujours de mise», a-t-il ajouté.