Avant-hier, une militante de Laddh, Zoulikha Belarbi, a été arrêtée puis placée sous contrôle judiciaire. Son seul tort est d'avoir publié une photo du chef de l'Etat habillé en sultan. Une semaine auparavant, les autorités ferment la chaîne El Watan-TV, à laquelle on reproche le fait d'avoir servi de tribune à l'ancien émir de l'AIS, Madani Mezrag quia menacé le président Bouteflika. Dans la foulée, les forces de sécurité n'ont pas hésité à passer les journalistes de la dite chaîne à tabac. Les exemples traitant des atteintes à la liberté d'expression sont légion en Algérie. Hassan Bouras, journaliste de la chaîne El Magharbia est incarcéré à la prison d'El Bayadh depuis le 3 octobre dernier. Accusé d'«outrage à corps constitué» et d'« incitation des citoyens à s'armer contre l'autorité de l'Etat», il risque une lourde peine de prison. Plusieurs autres journalistes, notamment les correspondants, vivent au rythme des intimidations policières et judiciaires. C'est le cas de Rabah Karèche, correspondant du quotidien Liberté à Tamanrasset, poursuivi pour diffamation par l'Entreprise national d'exploitation des mines d'or (ENOR). Les ennuies du journaliste ont commencé après la publication, en juin dernier, d'un article qui a révélé le décès de 7 travailleurs de l'Enor, qui seraient empoisonnés au cyanure. Il comparaîtra devant le juge le 26 octobre prochain comme accusé. Mais il demeure confiant : « J'ai les témoignages et les documents attestant de la véracité de mes informations ». Pour lui, « le recours à la justice est devenu un moyen pour intimider les journalistes qui abordent les sujets tabous ». Dans ce contexte marqué par l'aggravation des atteintes à la liberté d'expression, les pouvoirs publics trouvent encore des mots pour parler de professionnalisation de la presse et du respect des règles de la déontologie.