En dépit de nombreuses tentatives, les citoyens de plusieurs régions du pays n'ont pas pu avoir accès à leurs réseaux sociaux à partir de leur domicile ni des cybercafés et plusieurs entreprises n'ont pas pu recevoir ni envoyer leurs mails professionnels. Une situation qui a engendré des désagréments et perturbé leurs activités. Les dysfonctionnements vont encore durer quelques jours et pénaliser les 10 millions d'abonnés à internet en Algérie. Notre pays risque-il le black-out qui va l'isoler du monde ? Algérie Télécom (AT), à travers un communiqué de presse, a tenté de rassurer ses clients en informant qu'«une coupure sur le câble sous-marin en fibre optique du SMW4, reliant Annaba à Marseille, est survenue jeudi 22 octobre à 12h43. Les investigations ont permis de localiser la coupure à 15 km au large de Annaba». L'opérateur ajoute que «ce support véhiculant une grande partie du trafic internet, des perturbations seront enregistrées sur le trafic ADSL». AT précise en outre que «le dispositif de réparation a été enclenché par le consortium international Mecma, qui est en charge de la maintenance du SMW4». Algérie Télécom a pris des dispositions pour atténuer l'impact de cette coupure qui affecte le trafic internet global. Mais cette situation risque de durer car les travaux de réparation du câble pourraient prendre plusieurs jours en fonction des conditions météorologiques dans la région. Dans un deuxième temps, Algérie Télécom a notifié à l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) l'information de cet incident qui a causé des désagréments aux abonnés internet d'Algérie Télécom et des autres opérateurs auxquels AT fournit la bande passante. L'opérateur a ajouté que la bande passante restante, acheminée via le câble sous-marin Alger-Palma dénommé AlPal 2, permettra de «pourvoir dans une mesure raisonnable, grâce à son optimisation, au maintien de la continuité du service à laquelle il est tenu en vertu des dispositions de son cahier des charges». L'ARPT affirme suivre «avec attention les développements de ce dossier auprès de l'opérateur et tiendra informé le public de ses évolutions». L'Algérie, à travers l'opérateur historique, dispose d'une bande passante internet qui transite par un maillage de liaisons sous-marines à l'international porté par SeaMeWe4 (reliant Annaba à l'Europe) d'une capacité de 640 Gbps, et par AlPal de 80 Gbps. «Alors que nous sommes à moins de 500 km des grandes routes d'internet, nous ne possédons pas 3 ou 4 sorties (et 3 ou 4 entrées) pour créer une vraie redondance et avoir plusieurs fournisseurs», s'insurge Abderrafiq Khenifsa, directeur de la publication spécialisée IT Mag. Cet incident démontre la grande dépendance de l'Algérie aux câbles en fibre optique qui constituent l'infrastructure d'internet. Les câbles sous-marins sont les principales sources de bande passante pour notre pays. Des internautes algériens utilisent internet mécaniquement sans savoir que la transmission de l'information s'effectue majoritairement par câble sous-marin. Il faut savoir qu'internet c'est environ 300 câbles au fond des mers et océans qui assurent la communication entre les internautes à travers le globe. 99% du trafic mondial dépendent donc de ce réseau sous-marin : des données informatiques bien entendu, mais aussi la radio, la télévision ou encore les appels téléphoniques. Certains spécialistes rappellent qu'un projet datant d'au moins 13 ans pourrait amortir le choc : le point d'échange internet ou GIX (Global Internet Exchange) qui permet une interconnexion directe entre les fournisseurs algériens d'accès au web sans passer par des réseaux étrangers. «Il sera opérationnel au début de l'année 2015», avait annoncé Zohra Derdouri, ex-ministre de la Poste et des TIC, précisant que les cahiers des charges sont «prêts et concernent tous les opérateurs qui font du trafic internet comme ceux de la téléphonie mobile (Mobilis, Ooredoo et Djezzy), de la téléphonie fixe (Algérie Télécom) et des FAI (fournisseurs d'accès à internet)». Un dossier sensible sur la table de la nouvelle ministre, Houda Iman Feraoun. La mise en place du GIX en Algérie permettrait un gain économique et des avantages dans le temps de latence (temps de réponse réduite au maximum entre deux internautes connectés) ainsi que dans la bande passante. Les observateurs imputent aussi cette situation à un manque de vision et de stratégie TIC dans notre pays. Signalons que cette coupure intervient à la veille de l'ouverture du Salon Med-IT (du 26 au 29 octobre) et de l'organisation d'un atelier-débat de Nabni avec une interrogation : «Quel virage numérique pour l'Algérie ?»