L'ancien Premier ministre travailliste, Tony Blair, est visiblement rongé par le remords à l'idée d'avoir activement contribué à plonger l'Irak et la Syrie dans un indescriptible chaos. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CNN, il a réitéré hier des excuses partielles pour la guerre en Irak, tout en reconnaissant une certaine responsabilité dans la montée de l'organisation de l'Etat islamique. «Je peux dire que je présente des excuses pour le fait que les informations données par les services secrets étaient fausses», a déclaré Tony Blair à CNN, selon le site internet de la chaîne qui a rapporté l'information. «Je m'excuse aussi pour certaines erreurs dans la planification et nos erreurs dans notre compréhension de ce qui se passerait une fois le régime (irakien) tombé», a-t-il ajouté, reconnaissant des «éléments de vérité» dans l'idée que l'invasion de l'Irak en 2003 est la principale cause de la montée de Daech. «Bien sûr, il n'est pas possible de dire que ceux qui ont déposé Saddam en 2003 ne portent aucune responsabilité dans la situation en 2015», a reconnu le Premier ministre britannique, tout en soulignant également l'impact du Printemps arabe et le fait que l'EI a démarré depuis la Syrie et non l'Irak. Ces déclarations interviennent alors que la commission Chilcot, qui enquête sur l'engagement controversé du Royaume-Uni dans cette guerre, doit annoncer d'ici début novembre un calendrier de publication. Mise en place en 2009 par le Premier ministre travailliste de l'époque, Gordon Brown, cette commission n'a toujours pas rendu ses conclusions alors qu'elle était initialement censée les produire dans un délai d'un an. Le Royaume-Uni s'est engagé dans l'invasion, puis la guerre en Irak en 2003 sous le gouvernement travailliste de Tony Blair. Cette décision a été très impopulaire à l'époque et l'ex-Premier ministre est accusé d'avoir trompé la population sur la présence jamais avérée d'armes de destruction massive en Irak. L'engagement britannique était destiné à soutenir «l'allié américain» dans son entreprise guerrière. On se rappelle que suite aux attentats du 11 Septembre 2001 contre le World Trade Center de New York, le gouvernement néo-conservateur de George Walker Bush avait saisi l'occasion pour lancer une grande vague de réaction mondiale. L'offensive des néoconservateurs Au nom de la «lutte contre le terrorisme» et de la «défense de la liberté et de la démocratie de marché», les Etats-Unis ont entrepris de renforcer leur domination un peu partout dans le monde. L'entreprise a commencé par l'invasion de l'Irak en 2003. Le gouvernement Bush prétendait que ses services secrets savaient que l'Irak mettait au point des «armes de destruction massive» menaçant l'Occident. Le régime dictatorial de Saddam Hussein est dénoncé comme «criminel», alors même qu'il était l'allié des Etats-Unis dans les années 1980… Malgré la faiblesse des prétextes officiels, l'impossibilité de trouver des armes de destruction massive, malgré aussi que l'Irak ait accepté que des experts de l'ONU viennent contrôler sur son sol… les Etats-Unis sont déterminés à envahir le pays. L'administration Bush fixe alors un ultimatum qu'elle sait impossible à réaliser : Saddam a jusqu'au 19 mars pour quitter le pays. Le 20 mars 2003, la guerre est formellement déclarée par les Etats-Unis, et les bombardements commencent immédiatement ainsi que le débarquement des troupes terrestres. On parle de «frappes chirurgicales», censées frapper des cibles militaires stratégiques, mais des civils meurent tous les jours. Les Etats-Unis crient victoire le 1er mai 2003 et Saddam Hussein est arrêté le 13 décembre, tandis qu'un gouvernement fantoche est mis en place. Des guérillas et des attentats vont cependant frapper en permanence les troupes états-uniennes, bien plus perçues comme des troupes d'occupation que comme des forces de libération. Cette situation a perduré jusqu'au départ des troupes américaines en 2011. Avant même l'invasion, les grandes firmes américaines s'étaient entendues pour se découper de juteux profits dans cette guerre. Non seulement pour les retombées futures, mais aussi via d'innombrables marchés publics. 40% de la dépense de l'Etat fédéral seraient revenus à des contractants privés. Mais le pétrole est sans doute la première des motivations, l'invasion de l'Irak devant permettre aux Etats-Unis et à leurs alliés de diversifier leurs sources d'approvisionnement en brut.