C'est en grands connaisseurs du football algérien – certains le suivent depuis l'indépendance ! – que les Camerounais, Ivoiriens, Gabonais… supportent les Verts. De Douala à New York, ils nous parlent des émotions que les Verts leur font vivre… « Le jeu des Verts a commencé mi-figue, mi-raisin. Je ne la donnais pas favorite en quarts. Son entrain faussement mou a eu du mal à cacher la qualité du jeu et la fraîcheur de cette équipe. Son jeu m'a séduit face aux super favoris ivoiriens. Face à l'Egypte, devenue hyper favorite, je sais que cette équipe saura se souvenir de l'inacceptable violence des éliminatoires pour nous faire rêver d'une Algérie capable de caractère à la Coupe du monde sud-africaine. » A Yahoundé, Thiéry Gervais Gango, ex-rédacteur en chef du quotidien Mutations, n'est pas le seul Camerounais à connaître par cœur le parcours de l'équipe algérienne ! Wilfrid Eteki, un Camerounais passionné de foot, résidant à Douala, rejoint son avis : « Depuis le début de la CAN, l'Algérie a démontré qu'elle avait plus de cœur et une meilleure équipe. L'équipe d'Egypte me semblait trop opportuniste et pas assez combative, elle ne doit sa victoire qu'à des erreurs de ses adversaires, contrairement à celle d'Algérie qui a sorti les Eléphants de Côte d'Ivoire, souligne-t-il. Aucune réussite ne revient à l'Egypte, et en plus, ils nous ont battus. Alors on va soutenir l'Algérie pour nous venger… » Les marques de soutien pour l'Algérie ne faiblissent pas, car beaucoup voient aussi en elle le dernier pays francophone encore en lice. De quoi être solidaire… En Côte-d'Ivoire, où le journaliste free-lance ivoirien Usher Aliman témoigne : « Beaucoup d'amis algériens me disaient que leur équipe gagnerait forcément le match, parce que l'Egypte n'a jamais battu l'Algérie hors de son terrain. J'ai vécu ces moments de match comme des heures décisives. Même si l'Algérie nous a mis sur la touche, les Ivoiriens supportent plus que jamais les Verts ! » Le Cameroun aussi compte sur les Fennecs pour les venger de l'Egypte. « Pour les Camerounais, c'est un réel soulagement de voir l'Algérie revenir au premier plan après tant d'années, témoigne Emmanuel Ellé Ntonga, informaticien aux Etats-Unis. Pour nous, l'Algérie et le Maroc sont les références de notre football. L'Egypte est trop tactique et anti-jeu, même si elle nous a souvent vaincus. C'est une équipe à genoux qui a battu le Cameroun. L'Egypte passe tout son temps devant ses buts et espère un contre favorable pour faire la différence. C'est le vieux football ‘allemand et malthusien' que les ténors actuels – Espagne, Brésil, Pays-Bas – sont en train de ringardiser. One, two, three, Viva l'Algérie ! » Stéphane Koche, économiste camerounais à Yaoundé, déclare : « Avec l'Egypte, l'Algérie est l'équipe qui a offert, du moins lors de sa dernière sortie face à la Côte-d'Ivoire, du beau jeu aux amoureux et passionnés de foot et fans du beau jeu que nous sommes. Elle dispose d'un très bon collectif mais possède également des individualités de poids à l'instar de Karim Ziani et surtout de Belhadj, qui ont livré un match extraordinaire, complet et surtout décisif. » Au-delà de la CAN, Mahmadousamba Cayemite, consultant à Alger, un des rares Sénégalais à soutenir les Verts, en vrai connaisseur, soutient l'Algérie au nom de « la tradition footballistique algérienne, qui a marqué le foot africain avec de grands noms. L'équipe nationale actuelle a hérité des qualités de jeu des anciens, y compris des joueurs du FLN ! Et elle l'a démontré pendant cette Coupe d'Afrique. » Ernest Mbong, membre élu de la commission technique de l'Institut national d'études du travail et de l'orientation professionnelle de Paris : « Cette demi-finale était le match à ne pas rater. Il y avait un goût de revanche pour les Egyptiens. Pour moi, le plus important était de voir de quelle manière les Fennecs allaient gérer en compétiteur une telle tension. On se souviendra de l'Algérie comme l'une des équipes qui a écrit, avec le Cameroun, les plus belles pages de l'Afrique en Coupe du monde. » Même les Africaines s'y mettent ! Surtout depuis les incidents au Caire. « Moi, je suis devenue une fervente supportrice des Verts depuis la CAN, » nous confie Fatimatou Lassinji, Gabonaise de Paris, créatrice de bijoux, avant de préciser : « Enfin… Surtout Karim Ziani, que j'ai rencontré à Paris ! »