La 27e CAN qui vient de se dérouler en Angola a baissé rideau après trois semaines de compétition. Cette CAN, qui avait commencé de la pire des manières avec le mitraillage du bus transportant la délégation du Togo, nous a tout de même révélé pas mal de surprises et beaucoup d'enseignements. De prime abord, les esprits ont été tous marqués par la méforme des stars évoluant dans les meilleurs championnats européens. De Drogba en passant par Eto'o jusqu'à Essien et autres célébrités du football africain, ces joueurs qui font le bonheur des clubs européens n'ont pas du tout impressionné lors de cette CAN. Dans ce contexte, la CAN, réputée aussi comme étant le rendez-vous des artistes, des stars, de ses meilleurs produits du moment, s'est soldée visiblement par des prestations techniques insipides.Fort heureusement, un vent de fraîcheur a soufflé sur les stades de l'Angola pour nous faire oublier les ratages des valeurs sûres. Ainsi, avec la génération argentée des «baby» Black Stars, les amoureux du foot africain ont renoué avec les sensations fortes assurées par la magie du jeu ghanéen. Avec une équipe privée de ses stars et leaders traditionnels (Essien, Appiah, Muntari, Mensah…), le technicien serbe Milovan Rajevac a guidé une sélection rajeunie et composée des champions du monde des moins de 20 ans vers une finale inespérée. Jamais impressionnants, toujours présents, les Black Stars ont fait mentir tous les pronostics. De quoi voir venir pour la suite et notamment le Mondial sud-africain. En plus, cette jeune équipe a épaté les puristes. Abedi Andre, Gyan Asamoah, Kwaduo Asamoah, Badu, Draman et leurs partenaires ont valu par leur santé physique, leurs qualités techniques et collectives et aussi par leur solidité défensive. C'est le fruit du travail, de la réflexion, de l'imagination. Sous la férule d'un entraîneur qui était très proche de ses poulains et qui savait piéger tactiquement ses adversaires. «Le Ghana, c'est l'avenir du football africain», ont relevé à ce sujet de nombreux analystes et fins connaisseurs du football. Le parcours du Ghana pourrait servir incontestablement de leçon à beaucoup de pays africains qui ont du mal à renouveler leurs sélections en faisant confiance à de jeunes joueurs aguerris dans de sérieux centres de formation. D'autre part, la Zambie d'Hervé Renard a également surpris pas mal d'observateurs. Arrivé avec une étiquette de «petit poucet», les Chipolopolos ont pris tout le monde de court avec un jeu vif et plaisant, animé par les Kalaba, Katongo, Chamanga et autres Mulenga. Les hommes d'Hervé Renard se sont fait remarquer en accrochant la Tunisie (1-1) en poussant le Cameroun dans ses derniers retranchements (3-2), avant de battre le Gabon (2-1). Suffisant pour aller défier les Super Eagles du Nigeria qui avaient dû attendre la séance de tirs au but pour se défaire de Boulets de Plomb qu'on n'attendait pas à pareille fête. Néanmoins, de l'avis commun d'observateurs avertis, au plan de la qualité générale, il faut avouer que ce fut mi-figue mi-raisin. Il y a eu certainement des rencontres de bonne tenue mais aussi des rencontres insipides. En tout cas, l'on retiendra pendant longtemps ce fabuleux match à rebondissements entre l'Angola et le Mali. Menés au score (0-4) après 75 minutes de jeu, les Aigles se sont rebiffés pour remettre finalement les pendules à l'heure (4-4). Il fallait le faire. Malheureusement pour le Mali, la suite de la compétition a été douloureuse pour Seydou Keita (3 buts) et les siens. Qui ont été contraints de quitter la compétition les armes à la main à la fin du premier tour. A égalité de points avec le Malawi et les Verts, le Mali a dû s'incliner face au fameux règlement de confrontation directe. Pour avoir battu les Maliens (1-0), nos Fennecs se sont offerts le ticket au second tour. Enfin, le fait saillant de cette CAN restera à coup sûr le bilan mitigé des mondialistes censés honorer l'Afrique lors du Mondial. Mis à part le Ghana, les quatre autres sélections n'ont pas réellement été à la hauteur des espérances. Le Cameroun, très attendu lors de cette CAN, a livré un visage peu séduisant, donnant le reflet d'une sélection en manque de repères où la jeunesse et l'expérience n'ont pas vraiment fait bon ménage. Troisième de l'épreuve, le Nigéria a réalisé, lui, une CAN plutôt honorable puisqu'il a fini sur le podium, mais en termes de jeu, il n'a pas été plus attrayant que le Cameroun. Malgré un beau réservoir de talents, tous évoluant à l'étranger, les double champions d'Afrique ont plutôt déçu, et les critiques qui se sont abattues sur le sélectionneur Shaibu Amodu en attestent d'une certaine manière. Les Super Eagles ont cependant un mérite : celui d'avoir su bien se remettre de leur défaite face à l'Egypte lors du premier match. Le même jugement peut aussi s'appliquer à notre sélection nationale. Pour leur retour en Coupe d'Afrique après six ans d'absence, les Fennecs ont atteint le stade des demi-finales et ce, malgré un large revers initial, concédé contre le Malawi (3-0). Saifi et ses partenaires sont donc à féliciter, même s'ils ont pris les deux grosses claques du tournoi, la première face au Malawi, et la deuxième contre l'Egypte (0-4). Quant aux Eléphants de Côte d'Ivoire, ils ont tout simplement raté leur CAN. Donnés favoris, ils n'ont guère brillé face à l'Algérie ou le Burkina Faso. A quelques mois du Mondial, et face à des adversaires de la trempe du Brésil et du Portugal, cela n'augure rien de bon. A. S.