Le troisième Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique s'est clôturé, hier à Oran, avec une série d'interventions qui traduisent son objectif principal : la promotion et la défense efficace des positions africaines communes sur les questions de paix et de sécurité qui touchent le continent et ses peuples, et ce, dans le cadre du processus de prise de décision du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). L'intégralité des conflits vécus en Afrique — des plus anciens comme au Sahara occidental aux plus récents comme les tensions survenues au Burundi — ont été passés en revue lors de cette rencontre afin de mieux armer les participants, en particulier les nouveaux entrants au CSNU, mais aussi les représentants des instances affiliées ou activant en relation avec l'Union africaine (UA) pour développer des positions communes. Pour Smaïl Chergui, commissaire de l'UA à la paix et à la sécurité, les échanges ont été francs et constructifs : «Le séminaire a permis de dégager les pistes d'actions concrètes pour faire en sorte que nos représentants au CSNU puissent réellement à la fois traduire le sentiment des organes de décision de l'UA sur toutes les questions de paix et de sécurité, mais également développer une interaction permanente entre le siège à Addis-Abéba et les capitales respectives pour qu'il y ait réellement une harmonie dans l'action de l'UA.» Le séminaire, qui n'est qu'un des mécanismes de mise en œuvre de l'Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS), contribue selon M. Chergui, à faire en sorte que l'Afrique soit respectée en attendant le moment où elle aura enfin deux représentants permanents au sein du Conseil de sécurité, une échéance qu'il espère la plus proche possible. Khadija Abba B. Ibrahim, ministre nigériane pour les Affaires étrangères a affirmé que le président Mohammadu Buhari est prêt à écouter et à mettre en œuvre les conclusions de cette rencontre en ce qui concerne notamment la paix, la sécurité et les efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme. «Nous pensons que notre continent est un sujet d'intérêt pour tous les membres du Conseil de sécurité et c'est la raison pour laquelle l'Afrique doit avoir son mot à dire», a déclaré Alain Aime Nyamitwe, ministre des Affaires étrangères du Burundi. «Nous pensons également que les situations qui prévalent dans le pays proches du continent sont mieux comprises par l'Afrique que par les autres pays et les autres Etats qui se trouvent loin», ajoute-t-il, en faisant allusion à ce qui se passe au Moyen-Orient. Le ministre burundais a également considéré que «le CSNU doit faire preuve d'équité et de justice et ses membres doivent éviter de s'ingérer dans les affaires politiques des pays africains». Le Burundi est particulièrement menacé par une intervention de l'ONU et c'est sans doute la raison pour laquelle M. Nyamitwe a insisté sur ce point. Néanmoins, il affirme l'engagement de son pays à poursuivre sa collaboration non seulement avec le CSNU, mais aussi en particulier avec les A3 en vue de consolider la position de l'Afrique et aider à trouver des solutions aux problèmes. «Aujourd'hui, la crédibilité de l'ONU est un peu affaiblie, le drapeau bleu-blanc qui assurait la protection de tout le monde est un peu terne», estime Lakhdar Brahimi, invité au Séminaire pour sa qualité de membre du groupe des sages de l'UA pour co-animer une séance autour de la situation qui prévaut dans la région des Grands Lacs, au Congo, au Burundi et en Centrafrique. L'ancien ministre algérien des Affaires étrangères n'a pas hésité à attribuer cet état de fait en partie à «l'attitude des grandes puissances» qui, selon lui, ont étranglé l'ONU en ne laissant pas s'exprimer les autres pays. «Les Africains doivent, suggère-t-il, être à l'avant-garde et aider les Nations unies et son secrétaire général à rétablir et restaurer la crédibilité et le respect dus à cette institution.» Il évoque un temps passé où des membres de l'ONU ont parcouru le territoire afghan, alors en pleine guerre, pour une campagne de vaccination ; personne n'avait été attaqué, mais M. Brahimi constate avec dépit que ce n'est plus le cas aujourd'hui.