La fermeture des grandes places boursières mondiales a été morose hier, les plus grands indices internationaux subissant un contrecoup de l'ordre de 3% à Francfort, 1,93% à Londres et 2,15% à New York, chute la plus sévère depuis la reprise de l'économie américaine, début 2015. En cause ? Le «court-circuit» imposé par Pékin à l'économie mondiale. Hier matin, les places boursières de Shanghai et Shenzhen étaient attendues au tournant après un été 2015 difficile et une reprise timide en automne. L'embellie n'a pas eu lieu. En une demi-heure, les principaux index ont plongé de 7%, amenant le pouvoir central à fermer prématurément le marché boursier, une décision dont Pékin est devenu coutumière puisqu'il s'agit de la deuxième fois en moins de six mois que la Chine recourt à cette méthode, communément appelé «court-circuit» par les spécialistes, et ce, à dessein. En effet, la Chine représente la seconde économie du monde et un des marchés émergents les plus dynamiques de par le flux d'investissements dont elle fait l'objet, mais aussi de par ses besoins divers qu'elle vient combler sur les marchés mondiaux. Priver le reste des places boursières d'échanger avec leurs homologues chinoises est un risque que les autorités ont préféré prendre, plutôt que voir les performances économiques de la Chine s'aggraver davantage. Depuis un semestre, l'économie chinoise accuse le coup d'années de surrégime, ce qui n'est pas sans conséquence sur les performances mondiales dans la mesure où la demande chinoise s'est érigée en facteur-clé des échanges boursiers depuis plusieurs années maintenant. Si bien que malgré sa taille somme toute modeste, la Bourse chinoise a un impact considérable sur les cours mondiaux en ce sens qu'elle constitue un important vivier de demande. Par ailleurs, la fermeture prématurée d'une place boursière est de nature à réduire la confiance dans les autres grandes places du monde telles que Paris, Londres ou New York, où les acteurs sur le marché adoptent une attitude plus précautionneuse dont la conséquence est, in fine, des places boursières en perte de vitesse. Brent L'un des marchés illustrant au mieux l'importance de la demande de Pékin est celui du pétrole. Le brent a perdu près de 4 points de valeur, atteignant 33 dollars le baril hier en fin de journée. Les besoins énergétiques de l'activité chinoise n'ont cessé de diminuer tout au long de 2015 ; la demande de pétrole en a fait de même et cette tendance est l'un des facteurs expliquant la chute du cours du baril. Une bien mauvaise nouvelle pour l'Algérie qui, même se tenant assez loin des marchés boursiers, en subit les contrecoups quand il en vient au prix auquel le pétrole est cédé. Là encore, le «court-circuit» pékinois a de facto empêché l'expression d'un potentiel besoin à combler de la part des acteurs de l'économie chinoise. Les cours des monnaies ont aussi été affectés par Pékin. Le dollar et l'euro ont perdu de leur valeur alors que la Banque centrale mexicaine a été obligée de maintenir artificiellement le niveau du peso qui a atteint, hier, un niveau historiquement bas de 17,80 pesos pour un dollar. Pareillement, la monnaie chinoise, le yuan, a perdu 0,5% de sa valeur contre le dollar en à peine une demi-heure d'activité boursière, une situation qui ne semble pas inquiéter puisque la Banque centrale de Chine a annoncé en décembre dernier qu'elle «laisserait le yuan glisser davantage encore», sans préciser jusqu'à quel niveau. En réalité, la dépréciation de la monnaie nationale est bénéfique pour les exportateurs chinois. Cela rend leurs produits davantage compétitifs dans la mesure où leur valeur en yuan restant inchangée, leur valeur en dollar diminue et il en va de même pour les prix du point de vue de l'importateur étranger. Pour l'Algérie, cette tendance représente une bonne nouvelle puisque la Banque d'Algérie a instruit les banques du pays, depuis début 2016, de régler toutes les opérations de commerce extérieur avec la partie chinoise en yuans. Dès lors, une baisse de la valeur du yuan signifie que les entreprises algériennes pourront obtenir davantage de yuans à somme constante et in fine, acheter les produits chinois inhérents à leur activité économique à moindre coût. Depuis maintenant quatre ans, la Chine est le premier partenaire commercial de l'Algérie, les importations depuis la Chine ont représenté 14,05% du total des opérations de commerce extérieur en Algérie en 2015, selon les données des Douanes algériennes, soit une augmentation de près de 0,6% en un an. Ainsi, sile «court-circuit» de Pékin, s'il a effrayé les grandes capitales boursières, a le potentiel de redonner le sourire à Alger, constamment soucieuse du maintien de sa réserve de devises.