La Chine accroîtra la flexibilité du yuan l'an prochain et s'efforcera de résorber la bulle immobilière afin de lutter contre les risques financiers, a annoncé le gouvernement chinois, au moment où Donald Trump accuse Pékin de sous-évaluer sa monnaie. Le gouvernement chinois maintiendra la stabilité du yuan en 2017 "tout en améliorant la flexibilité du taux de change", selon un communiqué officiel transmis par l'agence Chine nouvelle au terme d'une conférence économique de trois jours en présence des plus hauts dirigeants du pays. Le yuan fluctue dans une marge de 2% autour d'un cours pivot déterminé par la banque centrale chinoise. Confrontée à la hausse du dollar ces derniers mois, l'institution a régulièrement abaissé ce cours pivot, le yuan se retrouvant vendredi à son plus bas niveau face au billet vert depuis huit ans et demi, à 6,95 pour un dollar. Depuis son élection le mois dernier à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump a accusé la Chine de "dévaluer" sa monnaie afin de soutenir ses exportations, mais la banque centrale intervient en fait régulièrement sur les marchés en vendant des devises afin de soutenir le cours du yuan et tenter d'enrayer la fuite des capitaux. Depuis la chute des marchés boursiers chinois à l'été 2015, les épargnants sont à la recherche de placements rémunérateurs à l'étranger, ce qui pèse sur le cours de la devise. Aidés par un crédit à bon marché, ils se sont aussi reportés sur l'immobilier, faisant monter les prix dans les grandes villes et créant une bulle qui inquiète les autorités. Ces dernières ont donc annoncé vendredi la mise en place d'un "mécanisme" pour résorber la bulle et éviter les "fluctuations erratiques" des prix, selon le communiqué. "Les logements sont construits pour être habités, par pour spéculer", affirme le document, précisant que "la Chine mettra davantage l'accent sur la prévention des risques financiers en 2017". Parmi les autres décisions annoncées au terme de la conférence qui s'est déroulée à huis clos, le régime chinois a dit vouloir poursuivre en 2017 les réformes structurelles, notamment en réduisant les surcapacités de production et l'endettement des entreprises. Pékin, accusé régulièrement d'entraver les investissements des entreprises étrangères, promet aussi d'attirer davantage de capitaux internationaux en mettant en place un "environnement commercial fondé sur le droit". Le régime chinois annonce aussi "des gestes substantiels" pour ouvrir aux capitaux privés des secteurs tels que l'électricité, le pétrole, le gaz naturel, les chemins de fer, l'aviation civile, les télécommunications et la défense. Le yuan stable Le yuan reste relativement stable face au dollar lundi malgré la décision de la banque centrale chinoise d'abaisser le taux de référence de la devise, après une semaine extrêmement volatile qui a vu le yuan s'apprécier de 1% avant de retomber. La Banque populaire de Chine (BPC) a fixé le taux pivot du yuan à 6,9262 pour un dollar, sa plus forte baisse en pourcentage depuis plus de six mois, à la suite d'une semaine marquée par une crise de liquidité sur le marché du yuan "offshore". Le marché avait toutefois anticipé un taux pivot, autour duquel le yuan est autorisé à fluctuer dans une marge de 2% de part et d'autre, nettement plus faible, rapportent les traders, autour de 6,9450 pour un dollar. La BPC venait vendredi de relever au contraire le taux pivot à 6,8668, son plus haut niveau depuis le 6 décembre. Face à une baisse de 6,6% du yuan face au dollar l'an dernier, la plus forte depuis 1994, Pékin accentue la lutte contre la spéculation tout en renforçant les contrôles sur les mouvements de capitaux. Les réserves de change de la Chine sont tombées à un plus bas de près de six ans au mois de décembre sans toutefois passer sous le seuil des 3.000 milliards de dollars, Pékin renforçant les mesures de soutien à la monnaie avant l'arrivée au pouvoir du nouveau président américain Donald Trump. Sur l'ensemble de l'année dernière, les réserves de change ont diminué de 320 milliards de dollars pour revenir à 3.011 milliards, après une chute de 513 milliards de dollars en 2015. Au fur et à mesure que les réserves de change de la Chine se rapprochent du seuil des 3.000 milliards de dollars, les investisseurs s'inquiètent de l'enclenchement d'un cercle vicieux qui verrait Pékin alimenter les sorties de capitaux et la baisse de la devise tout en puisant dans son trésor de guerre pour essayer de les enrayer. L'euro monte L'euro montait contre le dollar et le yen vendredi en fin de journée, les opérateurs prenant acte du débat sur la politique monétaire accommodante au sein de la BCE, et la livre rebondissait après plusieurs jours de baisse. Un peu avant 18H00 GMT, l'euro valait 1,0633 dollar contre 1,0614 dollar jeudi soir. La monnaie européenne progressait aussi face à la monnaie nippone à 122,02 yens pour un euro, contre 121,79 yens jeudi soir. Le dollar était quasiment stable face à la devise japonaise à 114,76 yens pour un dollar, contre 114,75 yens la veille. En zone euro, "les minutes de la BCE ont fait état de débats sur la durée du programme de rachat de dettes", a commenté Tapas Strickland, économiste à la National Australia Bank. Plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont refusé, lors de la réunion des 7 et 8 décembre, tout soutien supplémentaire en faveur de la zone euro, révèle un document officiel publié jeudi, laissant augurer de vifs débats à venir, sur fond de remontée de l'inflation qui pourrait influer d'une future politique monétaire moins favorable à l'économie et plus rémunératrice pour les placements en euros. L'autre monnaie qui s'appréciait un peu était la livre sterling, tant contre l'euro que le dollar, après des prises de bénéfices sur ces devises. La livre avait "baissé encore hier après-midi, les marchés se concentrant sur la confirmation que Theresa May va donner plus de détails sur la stratégie du gouvernement pour le Brexit lors d'un discours mardi", a rappelé Chris Saint, analyste chez HL Currency Service, dans une note à ses clients. "La livre a perdu plus de deux cents contre l'euro depuis que les commentaires du weekend de Mme May, disant que le Royaume-Uni ne peut pas s'accrocher à des +petits bouts+ de son appartenance à l'Union Européenne, ont réveillé les craintes d'un +hard Brexit+", a ajouté la même source. Theresa May avait laissé entendre dimanche qu'elle donnerait la priorité au contrôle de l'immigration en provenance de l'Union européenne sur l'accès sans entrave au marché unique européen lors des négociations sur le Brexit. Vers 18H00 GMT, la livre britannique progressait très légèrement face à la monnaie européenne à 87,15 pence contre 87,26 pence la veille, et un peu plus nettement face au billet vert, à 1,2197 dollar contre 1,2163 dollar la veille. La devise suisse montait très légèrement face à l'euro, à 1,0723 franc contre 1,0726 franc pour un euro jeudi soir et progressait aussi, plus nettement, face au dollar, en s'approchant de la parité avec le billet vert, à 1,0087 franc pour un dollar contre 1,0105 franc pour un dollar la veille. La devise chinoise valait 6,9005 yuans pour un dollar contre 6,8941 yuans jeudi soir, en léger repli. L'once d'or était en baisse à 1.191,83 dollars contre 1.198,32 dollars au fixing de jeudi soir. La livre turque poursuit sa chute La livre turque a de nouveau atteint un plus bas historique sur les marchés des changes mercredi malgré des mesures prises par la Banque centrale, sur fond d'incertitude politique et d'une série d'attentats meurtriers. La monnaie turque a perdu près de 10% de sa valeur contre le dollar depuis le début de l'année. Sa chute s'est accélérée depuis que le Parlement a commencé à examiner lundi un projet de réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan et qui rend les marchés nerveux. La livre a perdu près de 3,54% de sa valeur contre le dollar mercredi, s'échangeant à 3,93 contre le billet vert en fin d'après-midi, un nouveau record à la baisse. Face à la monnaie européenne, la livre a dépassé mercredi le seuil de 4 livres contre un euro pour la première fois, s'échangeant à 4,11, soit une perte de 2,69% sur la journée. Les économistes redoutent que cette chute se poursuive étant donné les incertitudes en termes de sécurité - avec les différents attentats liés à la rébellion kurde et au groupe Etat islamique (EI) - et de stabilité politique, à l'approche d'un potentiel passage à un système présidentiel. La Banque centrale turque avait tenté mardi d'enrayer la chute de sa monnaie en injectant 1,5 milliard de dollars dans le système financier. Mais la mesure n'a pas rencontré le succès escompté, les économistes la jugeant insuffisante. Malgré tout, les autorités turques se disent optimistes. "Le taux de change n'est pas plus important que le déficit courant, l'emploi, la croissance ou l'inflation", a déclaré le ministre de l'Economie Nihat Zeybekçi, cité par le quotidien Hürriyet, ajoutant que la chute de la livre n'était que "temporaire". Cemil Ertem, conseiller principal du président Erdogan, met en cause pour sa part un complot étranger pour encourager la spéculation et dévaluer la livre turque pendant les débats parlementaires sur la réforme constitutionnelle. "Il y a une opération en cours pour dévaluer rapidement la livre turque. Ce n'est pas une théorie conspirationniste. C'est une réalité très claire", a-t-il déclaré à Hürriyet.