L'important contrat d'un montant de 27,8 millions d'euros décroché en juin 2008, par la Société des eaux de Marseille (SEM), à Constantine, risque d'être résilié dans les semaines à venir au vu des nombreux manquements aux principes du contrat, constatés par la partie algérienne. La Société de l'eau et de l'assainissement de Constantine (SEACO) menace, dans un avis publié hier dans la presse, d'annuler le contrat « pour faute » et se réserve le droit de demander à la société française « une réparation du préjudice subi ». Après plusieurs rappels à l'ordre adressés à la SEM depuis octobre 2009, et devant le manque de réaction de l'entreprise française, la SEACO met en demeure une dernière fois la SEM lui accordant un délai de deux mois pour honorer ses engagements. La SEACO estime que « les objectifs tracés dans le plan de développement conçu pour la ville de Constantine accusent un retard considérable en matière de sectorisation du réseau de distribution, de comptage, de recherche et réduction des fuites dans les systèmes d'adduction ». Le ministre des Ressources en eau avait pour sa part déjà épinglé la SEM, estimant dans une récente déclaration que « la gestion de l'eau à Constantine n'avance pas comme il se doit ». « Il subsiste toujours des difficultés, la SEM est lourde dans son action », avait-il notamment déploré. Il avait alors également relevé que « la qualité de la gestion de l'eau n'est pas à la hauteur de ce qu'exigent les citoyens » et regretté par exemple les fuites d'eau répétitives sur les réseaux d'AEP. La SEACO reproche à la SEM des retards dans l'établissement d'une cartographie détaillée des réseaux et installations d'AEP et d'assainissement, et dans la mise à jour du fichier des abonnés. La Sem, selon les termes de la dernière mise en demeure qui lui est adressée par la SEACO, n'a pas non plus honoré ses obligations en matière de formation. La SEACO s'estime ainsi lésée et considère que les résultats obtenus dans la gestion déléguée de l'approvisionnement en eau potable et de l'assainissement de l'eau de la ville de Constantine sont de nature à causer un grave préjudice à ses intérêts. En signant le contrat, le 24 juin 2008, la société marseillaise avait pris l'engagement de parvenir dans un délai de cinq ans à garantir l'approvisionnement H24 de la ville de Constantine. Le contrat qui avait été signé également par la SEACO et ses actionnaires l'Algérienne des eaux (ADE) et l'Office national de l'assainissement (ONA ) prévoyait l'implantation d'un centre de formation et d'apprentissage aux métiers de l'eau et de gestion des services publics à Constantine. Des objectifs qui semblent sérieusement compromis aujourd'hui, selon les constatations rendues publiques par la SEACO.