Vingt-deux ans après les JO de Calgary, le Canada s'apprête à recevoir de nouveau la famille olympique d'hiver, du 12 au 28 février à Vancouver et dans les stations d'alentour, où le seul souci reste le niveau d'enneigement de certains sites. Sur le plan sécuritaire, service de renseignements, avions de chasse, pompiers, plongeurs et chiens renifleurs : la mobilisation est totale pour prévenir toute menace, terrorisme, criminalité ou manifestations violentes, contre les JO d'hiver. Un petit ballon blanc à l'hélium flotte paisiblement dans le ciel de la station de ski de Whistler. Depuis la nacelle, une caméra militaire est capable d'apercevoir un objet suspect à 32 kilomètres, a indiqué une source militaire. L'armée canadienne utilise ce genre d'engin en Afghanistan. Pendant que les athlètes s'entraînaient pour décrocher une médaille, un service de sécurité massif s'exerçait lui aussi, simulant des attaques chimiques, biologiques et nucléaires, dans l'espoir de n'avoir jamais à prouver sa compétence en situation réelle. Quelque 15 500 policiers, militaires et gardiens de sécurité du privé seront à l'œuvre pendant les jeux, indique une porte-parole de ces forces réunies dans un « groupe intégré de la sécurité », Mandy Edwards. Cette vaste opération de sécurité suscite du mécontentement, notamment en raison de ses coûts - près de 1 milliard de dollars canadiens (667 millions d'euros) - alors qu'ils étaient initialement estimés à 175 millions de dollars. Ceux qui protestent contre les JO auraient souhaité que tout cet argent serve plutôt à régler des problèmes sociaux criants, comme celui des sans-abri, chroniques à Vancouver. D'autres, comme les défenseurs des droits et libertés accusent la police de harceler des militants antijeux, auxquels elle rend visite sur leur lieu de travail pour les interroger. Les responsables de la sécurité refusent de commenter toute menace spécifique, mais disent « surveiller et examiner continuellement tout risque potentiel ». « Notre plan repose sur un niveau de risque intermédiaire et nous pouvons le revoir à tout moment en fonction du risque réel », explique Mme Edwards. « Pour l'heure, la menace est faible », concède-t-elle. « La situation géographique de Vancouver, sur la côte ouest du Canada, fait à la fois sa force et sa faiblesse », estime pour sa part un professeur de sécurité internationale à l'université de Colombie britannique, Allen Sens. Vancouver est certes loin des zones de conflit de la planète, mais sur le plan logistique, « assurer la protection de sites de compétition dispersés sur plus de 15 000 km2 de territoire - entre le centre-ville et les hautes montagnes de Whistler - représente un immense défi », dit-il. Et la géographie même de la ville, coincée dans le delta du Fraser entre le Pacifique, les Rocheuses et la frontière américaine, la rend « vulnérable », croit ce spécialiste. Conscients de ces contraintes, les responsables de la sécurité n'ont rien laissé au hasard et compteront sur une panoplie de moyens à leur disposition : plongeurs, hélicoptères, motoneiges, avions de chasse, etc. Un « groupe de sécurité intégré » sera officiellement chargé de protéger les athlètes, les responsables olympiques et les dignitaires étrangers dans neuf sites de compétition et 18 autres endroits, dont le village des athlètes et des centres de presse, dit Mme Edwards.