Hommes et femmes de lettres, universitaires, étudiants et pouvoirs publics lui ont rendu hommage à Boumerdès et à Boudouaou à l'occasion du 21e anniversaire de sa disparition. Malgré son cursus universitaire rigidement scientifique, Rachid Mimouni a fait avec brio son irruption dans le monde des belles lettres. «Rachid Mimouni était un ami intime. A l'époque des années 1970, j'étais directeur de la Société nationale d'édition et de diffusion. J'ai eu l'honneur de lui publier deux romans, Le printemps n'en sera que plus beau et Une paix à vivre», se souvient le romancier et chroniqueur Djilali Khellas. Pou lui, Rachid Mimouni était un dénonciateur de l'hypocrisie sociale et de la dictature sous toutes ses formes. «Ces deux romans sus-cités font partie d'une trilogie qui se termine avec le roman Une peine à vivre. La chronologie des événements commence par la guerre de Libération, puis l'époque post-indépendance avec Une paix à vivre. Dans la troisième partie de la trilogie avec Une peine à vivre, il décrivait la déception et la frustration du peuple algérien sous la dictature de Houari Boumediène. On trouve aussi le même style violent dans les autres œuvres de Rachid Mimouni», dira encore Djilali Khellas. L'universitaire Mohamed Sari s'est focalisé lors de son allocution sur la poéticité dans les œuvres de Mimouni. Pour lui, cet aspect procure un plaisir dans sa lecture. L'une des œuvres de Mimouni, qui a fait parler d'elle le plus durant cet événement, est Tombéza. «J'aime beaucoup le roman Tombéza. C'est un livre des marginaux. Je trouve que c'est le meilleur roman de Mimouni. Dans une société violente et intolérante, Rachid Mimouni a fait parler les personnes marginalisées», note M. Khellas. C'est dans ce sens qu'a abondé l'universitaire Malika Boukhelou, qui estime que l'œuvre Tombéza est l'incarnation du génie de Mimouni. «Tombéza est un roman à lire et à relire. Un chef-d'œuvre polyphonique, écrit avec un talent rare. C'est une œuvre très humaniste qui parle de la déchéance pour aller vers la paix. Elle renseigne de la dimension humaine de l'écrivain. Tombéza est une œuvre qui reste d'actualité», résume-t-elle. L'œuvre Tombéza a été aussi traduite en tamazight par Hamid Ibri, cependant, elle n'est pas encore publiée. «La traduction de cette œuvre était à la fois facile et difficile. Le registre de la langue utilisée dans l'écriture de Tombéza est proche du populaire. De même aussi pour les événements décrits dans le roman. Ce qui est difficile, c'est la terminologie, à l'instar des termes techniques et des analyses psychologiques des personnages. C'est ce qu'on peine à trouver dans la langue populaire», explique-t-il. A la fin de la rencontre sur Rachid Mimouni, un autre hommage a été rendu à Tombéza la personne, la vraie, et non pas le personnage romanesque. C'est un vieillard qui pouvait à peine marcher.