Quel est le paysage médiatique algérien actuel ? La première synthèse sur l'Algérie est enfin rendue publique : il s'agit de l'African Media Barometer (BMA), première analyse locale du paysage médiatique en Afrique. Ce rapport, établi par un groupe de spécialistes et d'experts en la matière, a été discuté la semaine dernière à Alger, à l'initiative de la fondation Freidrich Ebert. Le BMA est un processus d'auto-évaluation basé sur des critères de développement dérivés de l'African Protocols and Declaration. Dans ce rapport, disponible gratuitement, il est recommandé pour l'Algérie d'appuyer le plaidoyer des journalistes en vue de la dépénalisation des délits de presse (expertise juridique, journée de réflexion). Il a été également préconisé d'accompagner les journalistes dans la redynamisation du mécanisme d'autorégulation et, à travers un atelier, la stabilisation de la charte déontologique des journalistes algériens et d'appuyer le processus de réunification et de renforcement du mouvement syndical au sein des médias (organisation de rencontres, médiation et soutiens divers). Le même rapport recommande de renforcer les capacités des journalistes en matière de techniques rédactionnelles (notamment par des formations sur le reportage) et les compétences des responsables des médias dans le domaine du management. Il recommande aussi l'encouragement de la tenue de rencontres et les échanges entre les journalistes et les acteurs de la société civile en vue d'établir des passerelles et de favoriser la relation entre les citoyens et le monde de la presse. Enfin, il est conseillé de réaliser des études comparatives entre l'environnement médiatique algérien et les pratiques qui y ont cours. Lors du débat sur le paysage médiatique algérien, les experts, notamment le journaliste sénégalais Ibrahima Sané, la directrice du Goethe Institut, Alix Landgrebe, et l'ancien directeur de l'ENTV, Abdou Benziane, ont discuté des quatre grandes thématiques du rapport, à savoir la liberté d'expression, le paysage médiatique, les normes professionnelles et la régulation de la communication audiovisuelle. S'agissant d'ailleurs de ce dernier point, Abdou Benziane a sévèrement critiqué la télévision nationale. Il s'est interrogé sur le paradoxe des autorités qui veulent contrôler la télé, alors que les téléspectateurs algériens accèdent, à tarifs réduits, à des chaînes émettant de partout dans le monde. L'ex-directeur a d'ailleurs rappelé qu'il n'y avait pas lieu de parler de trois chaînes nationales, alors qu'en réalité il en a qu'une seule.