En 2015, pas moins de 240 000 voyageurs, dont 180 000 pour l'international, ont bifurqué par l'infrastructure des Hauts-Plateaux sétifiens. Pourtant, l'étude pour la réalisation d'une nouvelle aérogare, qui a bénéficié en 2013 d'une enveloppe de 200 millions de dinars, a été renvoyée aux calendes grecques. Frappée par la même mesure, l'aérogare d'Oran, qui est bien «défendue», obtient quant à elle une dérogation. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est cette histoire de renforcement de la piste sur 2400 m, obligeant l'aéroport à fermer ses portes pour une période de 10 mois. Ce point est à l'origine du coup de gueule des personnels de l'établissement, des voyageurs et des Sétifiens qui se mobilisent. Sous le sceau de l'anonymat, des cadres ne manquant pas d'arguments fustigent : «Le renforcement de la chaussée de la piste s'impose. D'autant plus que l'actuelle piste n'est pas conçue pour supporter le poids d'un Boeing 737/800 (162 passagers). Fermer l'aéroport va occasionner d'innombrables désagréments aux voyageurs et des trous dans les caisses des différents opérateurs de l'établissement. Le manque à gagner dépasserait facilement un milliard de dinars». Preuves à l'appui, nos interlocuteurs argumentent : «En 2014, les chargés de l'aménagement de l'aéroport de Dubaï ont prévu 81 jours. L'opération incluant en outre le renforcement d'une piste de 2400 m a été en fin de compte réalisée en 61 jours. Mieux encore, le taxiway de 2400 m a été décapé et refait en 24 heures. Le fraisage d'une épaisseur de 10 cm et l'application de deux ou trois couches compactées de béton bitumineux peuvent être réalisés en un temps record. Les tergiversations des responsables concernés sont, faut-il le rappeler, à l'origine du blocage des 20 milliards de la nouvelle aérogare, débloqués à l'issue de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en 2013. Pour un fallacieux prétexte de saturation de l'aéroport, les décideurs de l'ombre bloquent certaines compagnies désireuses de desservir la ligne Sétif ou d'augmenter les désertes. On profite de l'opportunité pour interpeller les ministres des Transports et des Travaux publics pour prendre en charge ce volet et l'ouverture d'une enquête devant débusquer les saboteurs. On ne peut pas les appeler autrement». Nos interlocuteurs viennent de confier un dossier au député et vice-président à l'APN, Salah Dekhili. «Au lieu de s'imprégner de la méthode des Turcs en charge du tramway de Sétif qui travaillent plus de 15 heures par jour, ces éminences grises veulent à travers cette fermeture casser une région où la ‘‘crise'' n'existe pas dans son vocable. Nous allons tout entreprendre pour que la période de fermeture ne dépasse pas les 30 jours. Si on doit faire la touiza, on la fera», révèlent non sans colère des Sétifiens qui se sont approchés de nos bureaux.