Le cinquième plus grand gisement minier au monde, qu'est le gisement de plomb et zinc d'Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, serait « un bradage à ciel ouvert ». C'est le président de l'APW de Béjaïa, Hamid Ferhat, qui le dénonce auprès du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dans une correspondance où il use de son franc-parler. « Un gisement que les services centraux des mines et de l'énergie se sont empressés (pour) passer une occulte et dangereuse transaction (…) avec l'un des plus grands inconnus dans l'industrie minière », écrit le P/APW. M. Ferhat reprend ainsi les mêmes critiques qu'il a eues à faire de vive voix, il y a quelques jours, à l'occasion d'une conférence-débat, dont il ne pouvait surtout pas décliner l'invitation, à l'université de Béjaïa, de Trevor Silverton, ingénieur des mines de la Western Mediterranean Zinc. La WMZ est une société privée de droit algérien qui est liée avec l'australienne Terramin Australia Limited, à l'aide d'une joint-venture pour la gestion du gisement d'Amizour. « L'histoire de la joint-venture Western Mediterranean Zinc, détenue à 65% par la petite société australienne Terramin, révèle plusieurs zones d'ombre quant au sérieux de cette transaction », dénonce-t-il. Il y a essentiellement le gabarit de la société australienne qui pose problème. « Il se trouve, selon plusieurs observateurs, que cette société n'est même pas répertoriée sur la liste officielle des compagnies minières australiennes, en plus du fait qu'elle est sans expérience dans le domaine minier et d'une très petite taille opérationnelle ». M. Ferhat étaye ses charges par, au moins, deux éléments. D'abord par le fait que « depuis l'obtention de la licence en 2006, cette société n'a même pas pu lever une vingtaine de millions de dollars, nécessaires au développement de ce projet ». Le coût de développement de ce projet a été estimé, pour rappel, par les responsables de WMZ, à entre 150 et 200 millions de dollars US. Ensuite « parce qu'elle ne pourrait trouver un assureur pour le risque environnemental au regard de son incapacité à fournir des garanties industrielles, de la forte densité de la population où la législation internationale interdit toute exploitation minière dans pareil cas et l'importance du gisement hors de portée de celle-ci ». WMZ, qui table sur une production de 150 000 t de concentré de zinc et 40 000 t de concentré de plomb, a prévu aussi d'y construire une usine de traitement des différents minéraux. C'est l'importance de son potentiel minier qui place le gisement d'Amizour dans cet enviable cinquième rang mondial avec des teneurs en minerais de 5,41% pour le zinc et 1,39% en plomb. Ses réserves de zinc ont été évaluées à 30 millions de tonnes de minerais avant d'atteindre les 50 millions de tonnes. C'est que depuis les premières estimations, les nouvelles explorations se sont révélées généreuses. La zone minière limitée au départ à 123 km s'est élargie à 154 km. Autant dire une mine « d'or ». « Une source de concentrés recherchée par des fonderies européennes », notent des spécialistes. M. Ferhat voit dans l'organisation, en janvier dernier, d'une conférence sur le sujet à l'université de Béjaïa par un responsable de la WMZ, un ballon de sonde. L'objectif ? Tâter le terrain et devancer une éventuelle réticence des étudiants à rejoindre la faculté de droit que l'on projette de construire « à quelques encablures de cette mine ». « Nous vous demandons instamment d'arrêter ce massacre et de traduire tous les responsables impliqués devant les juridictions compétentes sans quoi vous nous obligerez à tirer les conclusions qui s'imposent », conclut Hamid Ferhat.