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Qui achètera aux artistes algériens leurs œuvres ?
Publié dans El Watan le 03 - 03 - 2016

D'ailleurs, ce n'est ni le temps ni l'esprit qui sauront définir et déterminer sa véritable identité. Comme dirait Hippocrate, «la vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile». Ce que les œuvres ont dévoilé à travers les multiples tentatives d'interprétation restent des lectures suggestives.
«Il n'est en art qu'une chose qui vaille : celle qu'on ne peut expliquer» (Georges Braque). L'art n'est pas une science exacte, il est au-delà d'une exactitude, il est sur les voies des âmes flâneuses qui savent métamorphoser le palpable et l'ensemencer de magie. L'homme ne saura voir la luminosité d'une œuvre d'art sauf s'il croit en elle. Une croyance nourrie et soutenue mystiquement et matériellement. On ne peut recevoir que lorsqu'on donne. Recevoir et donner sont des verbes dont les actions sont contradictoires, mais ils restent unis dans la continuité de leurs gestes.
Peut-on développer notre corps et notre esprit de la naissance à la vieillesse sans les alimenter ? Peut-on atteindre le savoir sans une permanente quête d'apprentissage ? Peut-on se comprendre sans regarder les autres, sans interpeller la clairvoyance des pensées accumulées par les expériences des uns et les contextes des autres, sans accomplir ce qui a dû échapper à nos esprits, à nos êtres et à nos rêves ? Peut-on réellement comprendre les vertus de l'art sans émettre un engagement de notre part ? Ceux qui ont apprivoisé l'art à travers leurs pratiques ont compris que l'art reste ce seul moyen exceptionnel pour atteindre l'essence même de l'homme, il est comme la force de gravitation qui maintient l'équilibre de l'univers. «Par l'art seulement, nous pouvons sortir de nous-mêmes», a écrit Marcel Proust.
A quoi bon s'entourer d'objets répétitifs sans histoire et sans âme juste pour le trompe-œil ! A quoi bon solidifier nos confortables cocons qui ne feront que nous engloutir davantage avec leurs ondes négatives sans souffle, sans mouvement, inertes. Ceux-ci se complaisent dans l'étroitesse de leurs portes et de leurs fenêtres, sous les ombres intenses de leur toit et entre les parois dures de leurs murs ! A quoi bon soigner nos images pour une ressemblance juxtaposée sur celle des autres ?
Sortir de soi-même, c'est permettre à nos chrysalides d'éclore et d'ouvrir les rayons de leurs portées vers de nouveaux horizons, vers la découverte de l'inconnu qui nous fait tant peur. Aller là où chaque jour est un nouveau jour. Là où les spectres nous sculptent avec leur précieuse lumière des jardins d'Eden qui apaise nos esprits et caresse nos sens avec le duvet de sa texture. Elle remplit nos vues de ses douces couleurs aux multiples valeurs.
L'art nous permet de nous dégager du contenant, de transpercer les états de la matière et de surpasser les espaces. Chaque moment de la journée est une nouvelle chorégraphie pour faire valser nos âmes et vibrer nos sens. Une naissance aux normes de légèreté, celle qui acquiescera l'élan de notre envol. Ceux qui ont assimilé le mode d'emploi de cette qualité d'existence ont pris en main leur vie pour qu'elle ne soit pas que passagère.
Même s'ils ne sont pas dotés de dons qui leur permettraient l'immortalité, ils ont su comment prendre part aux créations sans en être eux-mêmes les auteurs. «Tous les arts sont comme des miroirs où l'homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même.» (Alain). Accompagner la vie d'une œuvre d'art reste un privilège, seuls les perspicaces y prendront part. «L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art.» (Robert Filliou).
Alors, rattrapons vite nos lacunes avant que nos richesses patrimoniales ne filent entre nos doigts. Avant que notre histoire ne s'évapore et ne décompose les signes de ses versets sous l'effet des vents et marées. Avant que l'humanité ne nous blâme de nos délits. Avant que les futures générations ne se rendent compte de notre inaptitude à préserver les auras de nos âmes et à consentir aux effacements de nos empreintes. Comment pourront-ils prévoir leur avenir sans notre histoire ?
Il est de notre devoir de hausser l'enseigne de notre géographie, de désigner la race de nos ancêtres, d'écrire et d'imager les constructions des esprits, de fixer les effigies de nos personnalités, ces témoins et gardiens de notre transmission. Qui pourra assurer cette tâche d'acquisition, de promotion, de diffusion, d'appropriation, de préservation, de valorisation ? Qui pourra soutenir le souffle de nos artistes, leur favoriser l'environnement qu'il faut pour leurs muses ?
Qui pourra les soutenir, les accompagner, les montrer et croire en eux ? Qui pourra contribuer à graver leurs noms comme ces graffitis de la préhistoire ? Tout le monde est concerné et chacun peut le faire. Mais le premier responsable est le haut patronage. Celui qui a le devoir de ramasser ce qui déborde pour veiller à l'état intact du fond et de la forme. Celui qui doit donner les exemples à suivre et politiser les actes.
Celui qui doit aménager les lois poinçonnées sur mesure de notre culture et surtout veiller au cheminement vers l'aboutissement soigneusement accompli. Dans le monde entier, l'art est utilisé comme un outil de l'économie d'un pays, on a vu des queues interminables de personnes venues des quatre coins du monde payer leur entrée pour admirer des chefs-d'œuvre. Une mainmise des institutions économiques, des banques, des industries et des manufactures domine exclusivement ce domaine. D'une pierre deux coups : elles l'exposent à leurs employés, banalisent son existence au quotidien et l'épargnent comme action invariable pour le futur.
Avec tous ces exemples, ce n'est plus un secret ! Où sont donc nos industriels algériens qui font tout pour amoindrir leurs impôts, dissimuler leur devoir de participation aux actions sociales et freiner l'art, ce secteur nécessaire au développement d'une société ? Haussons le ton et gratifions l'art et nos artistes ! «Quand on parle pognon, à partir d'un certain chiffre, tout le monde écoute», a dit Michel Audiard. L'art n'a pas de frontière. Si nous cautionnons sa fuite, que reste-t-il au paon pour déployer sa fierté sans ses plumes ?


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