Conscients des valeurs que ce rituel incarne, les notables du village qui a enfanté Mohamed Haroun, à leur tête Bedja Massinissa, ont attendu le 27e anniversaire de la disparition de Mouloud Mammeri pour organiser cette fête du partage. «C'est de cette façon que nous rendons hommage à Dda Lmulud, lui que ces rituels n'ont cessé d'inspirer», dira Sofiane Adjlane, un des organisateurs de l'événement. Pour bien organiser la cotisation qui a épargné les démunis, des permanences ont été installées dans les quatre coins du village. Une fois l'opération terminée, une équipe a été mandatée pour aller tôt le matin acheter des bœufs. A l'arrivée des 17 bêtes accueillies pas les youyous, Tifrit a été plongée dans une ambiance sans précédent : des chants ancestraux, des enfants à qui des jeunes distribuaient des bonbons… «Jamais notre village n'a connu une telle ambiance, d'autant plus qu'elle a mobilisé hommes et femmes !» commente un vieil habitant du village. Après les avoir égorgés et laissés saigner, les bouchers ont découpé les bœufs pour en faire des parts égales, lesquelles sont distribuées au profit des bénéficiaires qui sont au nombre de 700, dont une centaine sont des démunis. «Ce rituel, méconnu de la jeune génération, s'organise dans le but de démontrer qu'à travers la solidarité, les démunis ne ressentent pas la marginalisation», explique fièrement Sofiane. La grande ambiance a été enregistrée lors de la vente aux enchères des têtes des bœufs. En effet, la concurrence était tellement rude que des têtes ont été cédées à 25 000 DA. «L'association des notables dépensera cet argent dans le cadre de l'intérêt des villageois», nous confie un notable, avant d'exprimer son souhait de voir tous les autres villages procéder à des actions similaires.