Pour célébrer Yennayer, les villageois d'Aït Saâda, dans la commune de Yattafen, perchée sur les hauteurs de Kabylie, ont décidé cette année de renouer avec une des traditions séculaires, symbole de l'union et de la solidarité villageoise, à savoir Timechret, ce rituel au sacrifice collectif de bœufs qui vient ainsi égayer ce week-end qui marquera le passage au nouvel an berbère. Les préparatifs étaient longs et fastidieux, mais caractérisés par un air de fête. Le cérémonial de partage de 24 quintaux de bonne viande se fera en offrande pour chaque membre des familles. L'opération ayant coûté deux jours complets où tous les enfants du village se sont, en effet, retrouvés. "En plus de sa valeur morale, l'événement m'a permis de revoir des visages que je n'ai pas revus depuis plus de 25 ans", nous dira Ahmed, un quinquagénaire venu d'Oran pour l'occasion. Une ambiance de mixité et d'échange a marqué l'événement. "C'est aussi une journée d'émotion, car la progéniture renoue avec les siens, un agréable moment de convivialité absolue", dira une septuagénaire qui n'arrête pas de faire des louanges à Dieu et aux saints pour que les enfants du village retrouvent cet élan de solidarité et de reconnaissance d'antan. Les animateurs volontaires se sont adonnés à des tâches mêlant les travaux de nettoyage, et d'assainissement des endroits les plus nauséabonds que l'incivilité de certains citoyens ou passants avaient fini par enlaidir, tout en procédant à la collecte des dons des citoyens, chacun selon ses capacités. Solidarité oblige, chaque tête de famille doit contribuer par son propre argent, façon de le rendre fructifiant au nom de l'intérêt général et surtout les affaires du village. La dimension environnementale a pris une part de l'engagement de cette initiative citoyenne. "Si seulement ces pratiques se multiplient non pas seulement autour d'un morceau de viande, mais aussi pour renouer avec la solidarité et faire d'autres exploits en faveur notamment de cette jeunesse qui sombre dans le désarroi", dira un médecin. Au stade d'El-Marfaq, les 7 bœufs sont égorgés et dépecés en quartiers de plusieurs morceaux qui feront par la suite égayer les familles. Cet événement a été également une aubaine pour le comité de village de renflouer sa caisse à travers les dons des personnes charitables et une tombola lancée depuis quelques jours. Le tirage au sort a fait quelques contents parmi les plus chanceux avec un ordinateur, des tablettes tactiles et un téléviseur. Comme le veut la tradition, les 7 têtes de bœufs ont été mis à prix aux enchères "Rien que pour alimenter la caisse du village !" Ainsi, les têtes ont oscillé entre 8 000 et 25 000 DA. L. B. Nom Adresse email