La Révolution algérienne a été l'aboutissement d'un long processus fait de révoltes, de sacrifices consentis par une majorité du peuple algérien, même si j'ai toujours dénoncé cette tromperie du pouvoir qui consistait à dire : «Un seul héros, le peuple», en voulant par là enlever le mérite de tous ceux et toutes celles qui ont été de véritables héro(ïne)s de la Révolution, à savoir Abane, Krim, Didouche, Amirouche, Ben Boulaïd, Boudiaf, Ben M'hidi, Ben Bouali, Bouhired et tant d'autres qui ont été de véritables combattants pour la dignité et la liberté. Certains sont morts au champ d'honneur, d'autres ont survécu et certains assassinés avant ou après l'indépendance par leurs siens. Parmi ces héros, tout comme Abane, Krim Belkacem en était incontestablement un, n'en déplaise au neveu de Abane. Ce dernier a toujours voulu rapetisser celui qui a déclenché la guerre pour l'indépendance du pays avant même la Révolution et que certains n'aient eu l'esprit révolutionnaire et qui n'ont pris le train qu'une fois mis sur les rails. Dans l'interview qu'il a accordée à Fayçal Métaoui, le 9 février dans les colonnes d'El Watan, le neveu de Abane n'a cessé de se contredire, mais s'il ressort une chose de cet entretien, c'est la haine, je dis bien la haine qu'il éprouve envers Krim Belkacem, qu'il accable de choses et d'autres, de sommaire, de commanditaire de l'assassinat de Abane, d'immoral. D'après le neveu de Abane, le véritable commanditaire de l'assassinat de Abane n'est autre que Krim Belkacem, le pauvre assassin, Boussouf, n'a fait qu'obéir aux ordres et là il rejoint dans ses contradictions Daho Ould Kablia qu'il accable tout en reprenant sa thèse quand il dit : «Ould Kablia reprend les rumeurs et l'idéologie du clan !». Belaïd Abane ne fait rien d'autre que reprendre les rumeurs et l'idéologie de ce même clan qui, pour se dédouaner de son crime contre Krim, a toujours voulu semer le doute et la confusion dans les esprits en voulant associer Krim dans l'assassinat de Abane. Pire que le «clan», Belaïd Abane va jusqu'à surpasser le clan en voulant faire croire que Krim en est le commanditaire ! Vous vous trompez de combat de Abane, Krim n'est ni le commanditaire ni le complice et encore moins l'assassin de Abane ! Abane a été assassiné par Boussouf et ses sbires, vouloir dédouaner Boussouf me laisse interrogatif, pourquoi ? Dans quel but ? Même si je comprends le pourquoi de l'accusation gratuite portée contre Krim, je vous en ferais part le moment venu. Vous dites que Krim avait une vision «sommaire», sans aller au fond de votre pensée, car par «sommaire» vous vouliez tout simplement reprendre la formule qu'a utilisée Abane à l'encontre de Krim en le traitant «daghyoul», mais vous reconnaissez plus loin que Krim était diplomate et prenait sur lui, non pas par peur, Krim a défié la puissance coloniale, mais par souci de préservation de l'unité de la Révolution, ce que peut-être, par son tempérament impulsif, Abane, comme vous le dites, a provoqué la «tempête» en défiant les acteurs principaux de la Révolution. Ceci étant, il n'est nullement dans mon intention de légitimer le crime contre Abane que j'ai, à maintes reprises, dénoncé à chaque fois que l'occasion m'en a été donnée. Vous dites que Krim Belkacem était peu loquace, certes, il parlait peu, mais agissait, diplomate, au moins vous lui reconnaissez cette qualité, mais surtout vous concluez votre phrase par : mais n'avait pas une morale irréprochable, Abane ne pouvait supporter cela ! Krim n'avait pas une morale irréprochable et l'«ange» Abane ne pouvait supporter cela ! Je laisse le soin aux lecteurs d'apprécier à sa juste mesure l'analyse et l'interprétation que vous faites de la moralité des uns et des autres. Quant à moi, je vous dis, Abane comme Krim n'étaient que des humains avec leurs qualités et leurs défauts. La vie d'un homme, c'est la somme de ses faits, de ses engagements, je vous laisse le soin de parler de Abane, quant à Krim l'humain, l'homme, le révolutionnaire, le combattant, le maquisard, le négociateur, le père de famille, l'opposant à la dictature du régime, l'exilé, le condamné à mort, le dépouillé de ses biens, l'assassiné, l'oublié de l'histoire, eh bien le poids de ses vertus est bien plus lourd que ce qui pouvait être des égarements que vous voulez mettre en avant. Ni vous ni personne d'autre ne peut et ne pourra atteindre Krim Belkacem. Krim a été au commencement de la lutte pour l'indépendance de son pays, il a été celui qui a ramené la paix dans sa valise. Je termine par vous dire que si l'Algérie de l'indépendance avait eu un «sommaire» de la trempe de Krim Belkacem, elle ne serait pas dans la situation où elle se trouve.