et génératrices de revenus durables, est ce que s'apprêtent à entreprendre les services de la Direction de la pêche et des ressources halieutiques (DPRH) de Annaba. Les structures d'accompagnement des dispositifs d'aide à l'emploi CNAC et Angem, pouvant contribuer à la réussite de la reconversion, toujours dans les métiers de la pêche, sont déjà à pied d'œuvre aux fins de l'élaboration d'une liste de projets susceptibles de motiver les «braconniers» porteurs de projets. «A travers cette approche, nous cherchons à mettre fin à la pêche illicite au corail. Cette activité a pris des proportions inquiétantes ces dernières années, après une courte accalmie. En témoignent les saisies récurrentes de corail, d'embarcations, de matériels de plongées et autres équipements de fortune, fruit de la mobilisation sans faille des services de sécurité ainsi que de leurs collègues les gardes-côtes, à Annaba comme à El Tarf », nous a-t-on expliqué à la DPRH-Annaba. Comment compte-on s'y prendre pour atteindre ces braconniers lorsqu'on sait que ces derniers n'agissent pas au grand jour et sont sous l'emprise d'une véritable organisation transnationale vu la structure hiérarchique adoptée dans la répartition des tâches à l'intérieur du pays et de l'autre côté de la frontière ? «C'est un travail assez complexe et nous en sommes conscients. Mais, au fil du temps, nous sommes arrivés à constituer une sorte de banque de données et à établir une cartographie sur la structure du marché souterrain du corail et les réseaux qui le contrôlent», précisent nos sources. Stopper El djerda Une mission qui s'avère donc laborieuse puisque les premières «prospections» devraient être lancées dans le quartier populaire de Sidi Salem, où le nombre de braconniers est estimé à plus d'une centaine, selon des sources sécuritaires, et où le marché ne s'est, semble-t-il, jamais aussi bien porté, les transactions se négociant actuellement entre 5 et 10 millions de dinars/jour. A l'instar de leurs «collègues» de Jouanou (cité Seybouse) — une cinquantaine de Oued Bakrat (Séraïdi, une vingtaine), de Aïn Barbar (une vingtaine) ou encore de Chétaïbi (une centaine) et d'El Kala (plus de 600), les pilleurs, faut-il le souligner, activent pour le compte de «mandataires», environ une trentaine, tous basés à El Kala, la plaque tournante de la contrebande du corail algérien. Par cette initiative, dont on attend la reconversion ne serait-ce que d'une partie de tout ce beau monde, ce sont pas moins d'un millier d'embarcations, en bois ou en vitro-résine, mobilisés par les réseaux criminels, qui pourraient passer d'un cap de métier tortueux et dangereux à un autre plus droit et sûr. Ainsi, pourrait-on, peut-être, mettre fin à ce qui s'apparente à une véritable hécatombe que font subir aux coraux les «djedra», cet outil servant à traîner les branches de corail -elle sont fabriquées à partir de grosses chaînes métalliques de 9m10 et 9m8, entourées de part et d'autre de «chwawets», des filets à petites mailles- dont sont équipées les embarcations utilisées par les trafiquants. Car sur leur passage, ces «Djedras» charrient, chaque jour que Dieu fait, les coraux vivant à 80 et 120 m des surfaces des «quatre boules», de «Chille» et «Essour», zones de pêche que les garde-côtes de la wilaya d'El Tarf considèrent comme «points rouges». Idem pour El Battah, Draouch, El Hnaya, Boutribicha et Oum Tboul. Avérées, les grandes réserves coralliennes nichant dans les eaux profondes des Golfes de la Kabylie, Annaba, Skikda, Collo et Jijel ne cessent, elles aussi, de déchaîner les passions auprès des spécialistes du braconnage. Coffres-forts marins «L'or rouge peut déchaîner les passions et aussi de grands appétits. Et les coffres- forts marins ne sont jamais bien fermés, surtout pour les poulpes aux grands tentacules, qui sont des animaux très malins», tel nous l'avait si bien résumé dans un précédent entretien, Jean-Georges Harmelin, ancien directeur de recherche CNRS «Diversité biologique et fonctionnement des écosystèmes marins» Station marine d'Endoume (France). Ces «coffres forts marins», bien qu'officiellement fermés depuis plus d'une décennie, les braconniers ont quand même réussi à les vider de l'un de leurs précieux trésors : L'or rouge. C'est pourquoi, il a été décidé de le rouvrir pour préserver ce qui reste de nos ressources coralliennes et autres richesses biologiques marines. C'est ainsi que devrait être officiellement rouverte, avant fin 2016, la pêche au corail, interdite depuis 2001, par décret exécutif du 15 février 2001, assure-t-on à la DPRH Annaba. Dans cette perspective, indiquent nos sources, a été mise sur pied il y plus d'une année, l'Agence nationale de développement durable de la pêche et de l'aquaculture (ANDPA) : «Les antennes de cette structure qui aura pour mission le suivi, l'encadrement et la régulation des activités d'exploitation et de valorisation du corailsur l'ensemble du littoral algérien, sont en cours d'installation dans les grandes villes côtières du pays», nous a confirmé Amara Ammi, premier responsable du secteur de la pêche à Annaba. A ces antennes, tient-il à préciser, seront également confiées l'évaluation des ressources coralliennes présentes dans leur zone respective ainsi que la mise en place de dispositifs de traçabilité du corail depuis sa récolte jusqu'à sa transformation et sa commercialisation, «nous attendons les textes d'application pour la mise en adjudication des concessions et ce, de façon alternative : d'abord la zone d'El Tarf, puis celle Skikda/Jijel. Après 5 ans, seront mises en adjudication des concessions destinées à d'autres zones du littoral algérien».