La wilaya de Bouira vit une situation paradoxale. Elle dispose d'énormes réserves d'eau grâce à ses trois barrages hydrauliques, mais n'arrive pas à résoudre le problème du manque d'eau, notamment dans le secteur agricole. Théoriquement, les trois ouvrages de la wilaya, Koudiet Asserdoune, Tilesdit et Lekhal, en plus des nombreuses retenues collinaires, peuvent stocker plus d'un milliard de mètres cubes d'eau. Koudiet Asserdoun à lui seul dispose d'une capacité de 640 millions de m3. Il a été réalisé pour alimenter en eau potable les habitants de 4 wilayas, mais pas pour l'irrigation des terres agricoles. La moyenne du taux de remplissage des 3 barrages se situe à plus de 80%, nous renseigne un responsable régional à l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT). Ce même responsable rassure que les 3 infrastructures ne sont pas touchées par l'envasement. «Les capacités de stockage des barrages hydrauliques de Bouira sont restées les mêmes. La wilaya, avec les ressources dont elle dispose est à l'abri d'un manque d'eau pour au moins 3 ans». Avec les dernières chutes de pluie, les barrages ont sûrement atteint leur capacité de stockage maximale. Cependant, la mobilisation des eaux pour le secteur agricole est insignifiante. Seul le barrage d'Oued Lakhal, sis à l'ouest de la wilaya, d'une capacité de 30 millions de m3, est destiné à l'irrigation. Recours aux forages Chaque année, entre 5 et 8 millions de m3 sont prélevés pour l'agriculture. Ailleurs, dans le centre et l'est de Bouira, l'eau se fait rare. La croissance des plants des champs des céréales des vastes plaines d'El Asnam n'a pas atteint les 10 cm à cause du stress hydrique. Pourtant, le barrage hydraulique de Tilesdit n'est qu'à quelques kilomètres. La mise en service du périmètre irrigué du plateau d'El Asnam de plus de 5000 ha était prévue pour le mois de septembre 2014. Les travaux accusent un retard de deux ans pour diverses raisons. Tantôt à cause des problèmes avec des particuliers, tantôt à cause du rythme lent des travaux. Même pour les autres segments de l'agriculture, le manque d'eau est l'un des problèmes majeurs auxquels sont confrontés les fellahs. C'est le cas des producteurs de pommes de terre, qui trouvent des difficultés énormes pour irriguer leurs champs. «C'est avec nos propres moyens qu'on irrigue. Nous avons placé des canalisations sur une distance de 4 km à partir du barrage de Tilesdit pour acheminer l'eau vers nos champs», déplore Messaoud Boudehane, président de l'Association des producteurs de pommes de terre. L'unique autre moyen d'irrigation sont les forages et les puits. Mais les conséquences d'un usage effréné des eaux des nappes phréatiques se fait sentir d'une année à l'autre, notamment avec l'assèchement des puits.