Des terroristes ont attaqué un site gazier à coups de roquettes artisanales. Au nombre de deux, selon les autorités, et d'au moins quatre d'après des sources locales, «le groupe est arrivé à bord de deux véhicules tout-terrain et a tiré de loin une salve d'obus, sans faire de victime. Les roquettes sont tombées à proximité du site mais loin des installations de production et de la base de vie. L'attaque a duré le temps des tirs, avant que les assaillants ne prennent la fuite à bord de leurs véhicules vers une destination inconnue», indiquent nos interlocuteurs, qui précisent : «Il y a eu une riposte des troupes postées non loin du site. L'alerte rapide a permis de boucler toute la zone, avec un dispositif militaire impressionnant appuyé par des moyens aériens. Il n'est pas exclu que le groupe puisse être localisé parce qu'il n'a pas pu aller loin, en raison de la réaction rapide des forces de sécurité.» Reprises par l'APS, des sources officielles affirment quant à elles : «Tôt dans la matinée de vendredi, deux terroristes ont tiré des roquettes artisanales sur l'installation gazière de Khrechba, n'ayant causé aucune victime. Aucun dégât matériel n'a été déploré, alors que les forces de sécurité continuent à traquer les deux terroristes qui ont pris la fuite après leur tentative d'attaque.» Quelques heures après, deux compagnies pétrolières étrangères ont rendu publics des communiqués sur leurs sites web. Ainsi, la britannique Bristish Petrolium a déclaré avoir été informée d'«une attaque à la roquette sur le site Khrechba à In Salah, depuis l'extérieur du périmètre du site, vers 6h30, sans faire de blessés parmi le personnel, tout en précisant avoir pris des mesures de sécurité. La première priorité de BP est la sécurité des personnes. Aucune personne de notre personnel n'a été touchée. Nous sommes en contact avec l'équipe In Salah Gas ainsi que nos partenaires de coentreprise Statoil et Sonatrach et toutes les parties prenantes qui fournissent un appui pour assurer la sécurité des personnes concernées». Abondant dans le même sens, la norvégienne Statoil a annoncé l'attaque du site In Salah Gas Khrechba par des munitions explosives tirées à distance, tout en soulignant avoir pris attache avec ses «trois employés qui, selon elle, sont sains et saufs». Associée à ces deux compagnies, Sonatrach a réagi en milieu d'après-midi dans un communiqué où elle précise : «Tôt cette matinée, il y a eu échec d'une tentative d'attaque aux mortiers et aux armes artisanales sur les installations exploitées en association entre Sonatrach-BP-Statoil de Khrechba à In Salah. Cette tentative n'a eu aucun impact sur les installations ainsi que la production et le dispositif d'alerte mis en place a parfaitement fonctionné et a permis de mettre en échec cette tentative.» Quelques heures plus tard, c'est le ministère de la Défense nationale qui affirme : «Deux obus de fabrication artisanale sont tombés près du poste de contrôle d'un site de la société nationale Sonatrach, à Khrechba à 200 kilomètres au sud-ouest de Ménéa, sans causer de perte humaine ou matérielle. La réaction rapide du détachement de l'Armée nationale populaire en charge de la protection du site a mis en échec cette tentative d'attentat terroriste et il a été procédé immédiatement au bouclage de la zone et une opération de recherche et de fouille a été déclenchée avec emploi des moyens appropriés, dont des hélicoptères.» En tout état de cause, cette tentative d'attaque contre un site gazier semble avoir comme objectif le seul effet médiatique, après la série d'opérations militaires menées par les troupes de l'Anp sur le territoire national. Même s'il n'y a pas eu de victime ni de dégât, le fait d'avoir ciblé des installations appartenant à des compagnies étrangères a assuré aux terroristes une large médiatisation. Cette attaque intervient quelques jours seulement après l'appel à la «vigilance» lancé par le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'Anp, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah. En effet, le 13 mars, le premier responsable de l'armée a rompu le silence pour exhorter les militaires, à partir de Ouargla, «à une vigilance accrue» en raison «de la dégradation inédite» de la situation sécuritaire. Pour la première fois, Gaïd Salah n'appelle pas à la mobilisation des troupes, mais plutôt à de la vigilance, face à un danger aussi imminent qu'important, en lien avec la situation gravissime qui prévaut en Libye et en Tunisie.