Les 200 travailleurs de l'entreprise de travaux d'aménagement et de viabilisation VRD Plus, affiliée au groupe Sogécor, sont revenus hier à la charge en protestant devant le siège de leur direction à Boumerdès, pour réclamer le versement de leurs salaires des quatre derniers mois. Cette fois, les protestataires se disent déterminés à aller jusqu'au bout pour faire valoir leurs droits et mettre fin à leur calvaire. « Où est l'Algérie d'el iza ouel karama dont parle le président Bouteflika ? Nous sommes réduits à demander de l'aumône pour nourrir nos familles… Où sont les droits des travailleurs dont Sidi Saïd se prétend être le garant ? » s'indignent quelques travailleurs. Adossé au mur faisant face au siège de l'entreprise, Abdelkader lance : « Moi je n'ai même pas de quoi acheter une baguette pour mes enfants. Ce matin, l'épicier du coin a refusé de me servir deux sachets de lait et il m'a demandé de m'acquitter des 8000 DA de dettes que j'ai contractées par le passé. » « Je dois aussi de l'argent au pharmacien et comme le font souvent nos responsables, je lui ai promis de le payer au début de ce mois, mais comme vous le voyez, je serai obligé de l'éviter puisque j'ai manqué à ma parole », fulmine-t-il. Et son camarade, habitant à Bordj Bou Arréridj, de l'interrompre : « Je dors au niveau du chantier et cela fait trois mois que je n'ai pas vu ma femme et mes quatre enfants à cause du non-versement de mes mensualités. » Les travailleurs précisent que « même l'argent des œuvres sociales est géré de manière opaque et aucun d'entre nous n'a eu la chance d'en bénéficier ». « Récemment, il a fallu que je force les bureaux de notre administration et séquestre le directeur pour obtenir une aide financière que j'ai envoyée à ma famille », relate un travailleur, qui menace d'observer un sit-in devant le siège de la centrale syndicale pour attirer les plus hautes autorités du pays sur leur situation qui se précarise de jour en jour. Contacté, le directeur de VRD Plus explique cette situation par « les difficultés financières que traverse l'entreprise depuis plus d'une année ». Des difficultés aggravées, selon lui, par « le non-recouvrement des créances, notamment celles contractées par le groupe EPLF auquel nous étions affiliés auparavant », explique-t-il.