La Maison de la culture Mohamed Boudiaf deviendra bientôt le Théâtre régional de Bordj Bou Arreridj. L'annonce a été faite, lundi après midi au complexe culturel Aicha Haddad, par le ministre de la culturel, Azzeddine Mihoubi, à l'ouverture des premières Journées du théâtre populaire. « Cette demande m'a été faite par plusieurs voix. Une demande légitime. La salle de Mohamed Boudiaf a toutes les qualités pour devenir un théâtre. Les troupes théâtrales de la région ont besoin de cet espace. Ce qui leur est demandé est de créer, d'innover. Je sais que Bordj Bou Arreridj a fait sortir le théâtre de la salle vers la rue, a libéré le théâtre de la scène pour l'offrir au peuple. Le peuple est au coeur de l'art théâtral », a déclaré Azzedine Mihoubi. Il répondait à l'appel lancé en public par le metteur en scène et directeur des Journées du théâtre populaire, Halim Zedam, pour créer un théâtre régional à Bordj Bou Arreridj. « La ville bouillonne d'artistes et de gens qui aiment le théâtre. Elle mérite d'avoir un tel espace. Un espace que nous attendons d'avoir depuis longtemps » a-t-il dit. Le ministre de la Culture a estimé que le prochain théâtre régional de Bordj Bou Arreridj doit donner l'exemple en matière de collaboration artistiques entre coopératives et théâtres régionaux. « Les gens du théâtre doivent élaborer un programme pour le nouvel espace. Le ministère de la culture est prêt à soutenir les troupes qui présentent et exploitent des textes littéraires et patrimoniaux algériens. Nous voulons construire une entité culturelle et artistique algérienne. Cela concerne autant le théâtre que le cinéma et les arts plastiques. Si nous ne donnons pas de la valeur à nos textes, personne ne le fera à notre place », a-t-il souligné. Il a critiqué la mauvaise distribution des pièces de théâtre en Algérie.« Il n'est pas normal que des pièces sont présentées cinq ou six fois puis sont classées dans les archives. Le metteur en scène passe à une autre pièce, puis à une autre. On se retrouve avec un metteur en scène de 30 ans qui revendique vingt cinq pièces ! Ailleurs dans le monde, comme un Londres, les pièces tournent depuis des dizaine d'années. Chez nous, on prend même pas le soin de filmer les pièces de théâtre. La réussite d'une pièce dépend de la durée de sa présence dans le circuit et de sa résistance », a soutenu Azzeddine Mihoubi. Il n'a pas caché sa volonté de prendre des décisions pour obliger les théâtres régionaux à allonger la durée de tournée des pièces produites annuellement. « Il est tout a fait possible de laisser les pièces tourner en passant à d'autres productions. Pour la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe », une quarantaine de pièces ont été produites. Mais, des pièces présentées uniquement à Constantine alors qu'elles devraient être programmées dans tous les espaces du pays », a-t-il relevé. Halim Zedam a demandé à ce que les journées du théâtre populaire soient élevées au rang de festival. Ces journées sont organisées par la direction de la culture de Bordj Bou Arreridj et Coopérative théâtrale Al Taj. Elle durent jusqu'au 07 avril 2016. Selon Rabia Guichi, membre du comité d'organisation, six espaces ont été choisis pour la présentation de spectacle de rue et de scène. Parmi les pièces programmées, « Sokot hor » (chute libre) de la troupe Mahfoud Touahri de Méliana, « A tiha » (effondrement) de l'Association Afak de Batna, « Hafl itizal » (cérémonie d'Adieu) du théâtre El Belliri de Constantine, « Ahder » (Parle) de la troupe Al Moudja de Mostaganem, « El khedim ou sidou » (le valet et son maître) de la coopérative Caneva de Bordj Bou Arreridj. Après le spectacle Al Halka de Abbas Lacarne de Sidi Bel Abbes et la pièce « Al kors al asfar » de Rabia Guichi, la soirée a été marquée par la présentation de « Al khotba » (les fiancailles) de Halim Zedam sur la scène de la Maison de la culture Mohamed Boudiaf. Il s'agit d'une adaptation du célèbre texte d'Anton Tchékov, « Une demande en mariage ». Nous y reviendrons. Les 6 et 7 avril, des débats seront organisées au niveau de la Maison de la culture Aicha Haddad sur la notion du théâtre populaire.