Pour commémorer le 36e anniversaire du Printemps berbère, l'association l'Etoile culturelle d'Akbou (ECA) a organisé, les 22 et 23 avril, des portes ouvertes sur le département de tamazight de l'université de Batna. Au menu, une kyrielle d'activités n'ayant pas seulement permis au grand public de découvrir ce département, mais aussi d'en admirer les performances réalisées. Durant ces deux jours, l'esplanade de la mairie d'Akbou a abrité une exposition, où des œuvres et des thèses peaufinées par les étudiants dudit département ont été mises en valeur. Côté artistique, une fresque sur le thème «Histoire et espoir» a été réalisée sur place. Samedi, à la Cinémathèque d'Akbou, le Dr Nihali Djamel, chef du département de tamazight de Batna, a animé une conférence-débat, où il a présenté la structure universitaire qu'il dirige, ainsi que les conditions de sa création, tout en abordant des questions afférentes à la langue de Mammeri. Dans son exposé, l'universitaire revient sur la genèse de la création du département. «Lors de l'année universitaire 2013-2014, on a introduit tamazight comme filière rattachée au département des lettres et langue arabes et les étudiants venus s'y inscrire étaient au nombre de 83. Une année plus tard, le nombre a atteint la barre des 480 pour arriver à 835 inscrits en 2016. Par la suite, la création du département de tamazight en 2016 s'est fait ressentir comme une nécessité. Le quant-à-soi, nous l'avons outrepassé en élaborant une stratégie. Il s'agit d'aller à pas sûrs. L'ouverture de ce département vient après ceux de Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira», a-t-il relaté fièrement. Quant à la post-graduation, le conférencier a déclaré qu'un travail est en train de se faire en collaboration avec les trois autres départements pour un enseignement homogène. «Nous nous estimons chanceux, dans la mesure où nous bénéficions des expériences de ces départements. Dorénavant, même la mobilité des étudiants sera inscrite à l'ordre du jour», a-t-il enchaîné. Toutefois, le conférencier estime que, contrairement aux infrastructures conséquentes (trois amphithéâtres et 20 salles), l'encadrement pédagogique bute sur le manque d'enseignants, qui, a-t-il dit, ne dépassent pas le nombre de cinq. «Nous faisons souvent appel aux enseignants de tamazight d'autres universités pour dispenser des séminaires au profit de nos étudiants», a-t-il révélé. Abordant la dialectologie amazighe, le chercheur soutient que les variantes linguistiques doivent être prises en compte en fonction de chaque région. «La terminologie amazighe est en constante évolution. Pour synchroniser cette richesse, nous avons décidé de demander à nos étudiants d'opérer des enquêtes sur le terrain en remplacement du mémoire de fin d'études», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «Après ces démarches, des recherches sociolinguistiques seront envisagées.» A la question sur l'apport de l'officialisation de tamazight à son enseignement, l'orateur a affirmé que, nonobstant la timidité de la démarche, cela constitue une grande victoire. «Les bacheliers, au regard de cette constitutionnalisation, s'inscriront sans hésitation à notre département. Avant, tamazight à Batna frôlait la clandestinité. J'en profite d'ailleurs pour exhorter les futurs bacheliers à opter pour tamazight. Il s'agit de la seule et unique voie pour que notre langue soit ressuscitée pour occuper une place digne de ce nom», a-t-il conclu. Pour rappel, les trois autres départements de tamazight ont déjà été les invités de l'ECA les années précédentes. «Nous œuvrons à jeter les ponts pour une concertation, à laquelle toutes les régions berbérophones prendront part», a soutenu Mouloud Salhi, président de l'association.