Même si les attentes sont grandes concernant le dossier de la réhabilitation de la langue et culture amazighes en Algérie, il n'en demeure pas moins que dans sa globalité, le bilan est positif. Depuis le lancement des deux départements de tamazight à Bejaia et Tizi Ouzou jusqu'à la reconnaissance de tamazight comme langue nationale, en passant par l'introduction de cette langue millénaire dans le système éducatif et le lancement de la chaîne de télévision TV 4, le chemin parcouru est riche et long même s'il demeure parsemé d'embûches. Ce sont ces dernières sur lesquelles se sont attardés les chercheurs présents hier à l'université «Mouloud Mammeri» de Tizi Ouzou et ayant eu à animer les travaux du colloque international organisé par le laboratoire d'aménagement et d'enseignement de la langue amazighe du département de langue et culture berbères de la même université. Beaucoup de problèmes se posent en effet toujours concernant la réhabilitation de la langue amazighe notamment dans la manière dont elle est enseignée dans les écoles algériennes et aussi la façon dont elle est appréhendée dans les médias lourds notamment les chaînes de radio et de télévision. Au Maroc par exemple, l'universitaire marocain Miloud Taifi a déploré le fait que 85% des termes employés par les chaînes de radio sont empruntés à la langue arabe et les auditeurs berbérophones ne comprennent pas grand-chose à ce qui est émis. L'intervenant a déploré la création de néologismes tous azimuts qui sont, selon lui, à l'origine de beaucoup de dégâts occasionnés à la langue amazighe. Aussi, ce qui porte préjudice à l'enseignement et à la recherche dans le domaine amazigh est l'absence d'études sémantiques sur tamazight et la non-réalisation d'un traité de lexicologie, a estimé le conférencier. L'enseignement de tamazight en Algérie a connu une percée signifiante notamment au niveau des départements des langues et cultures amazighes des universités de Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou. C'est ce qu'a affirmé Nora Tigziri, présidente du colloque et également directrice du laboratoire d'aménagement et d'enseignement de la langue amazighe. «Nous sommes passés de quatre enseignants de tamazight au département de Tizi Ouzou à plus de trente aujourd'hui», a souligné l'oratrice. Cette dernière a toutefois déploré, que concernant l'enseignement de tamazight dans les cycles primaire et secondaire, les choses ne connaissent de vrai succès que dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira. Dans beaucoup de wilayas, l'enseignement de tamazight a disparu à cause d'une multitude de raisons. A Ghardaïa, entre autres, qui est une région amazighophone, tamazight n'est enseignée dans aucune classe après que les deux classes où cet enseignement était maintenu sous perfusion eurent disparu. Même dans la région des Aurès, l'enseignement de tamazight n'a pas pu tenir le coup puisqu'il ne subsiste que dans la wilaya de Oum El Bouaghi, après avoir disparu à Batna, entre autres. Mais, en Kabylie, l'enseignement de tamazight connaît un engouement croissant depuis ses débuts en 1995. En dépit de toutes les difficultés enregistrées, l'enseignement de tamazight en Kabylie ne cesse de se développer au point que chaque année pratiquement, de nouveaux postes budgétaires d'enseignants de tamazight sont créés. D'autres intervenants n'ont pas omis de mettre en relief les avancées que connaît tamazight ces dernières années avec notamment le lancement d'une chaîne de télévision publique, de chaînes de radio qui diffusent en tamazight, de la production d'un grand nombre de livres et d'une grande quantité de films. Tous en tamazight bien sûr.