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Coopération de recherche UE-Afrique pour améliorer l'accès à l'énergie en Afrique
Publié dans El Watan le 02 - 05 - 2016

L'énergie en Afrique est une denrée plus rare que dans les pays industrialisés. 15% de la population mondiale vit sur le continent africain, et pourtant sa consommation globale de l'électricité n'est que de 3%.
La consommation d'électricité par habitant en Afrique subsaharienne est, en moyenne, inférieure à l'énergie nécessaire pour alimenter une ampoule de 50 watts en continu( ). La production électrique cumulée des 48 pays d'Afrique subsaharienne est de seulement 68 GW, d'après la Banque mondiale de développement (BAD)( ). Cela équivaut à peu près à la capacité de production de l'Espagne, un pays dont la population est inférieure à 5% de celle de l'Afrique subsaharienne. En 2011, la communauté internationale a lancé une campagne promouvant l'accès universel aux services énergétiques modernes d'ici 2030 sous la forme de l'Initiative Energie durable pour tous (SE4All) des Nations unies. Augmenter considérablement les taux d'accès à l'énergie a le potentiel de contribuer de façon significative à l'éradication de la pauvreté, la création de conditions de vie plus dignes, et l'accroissement des opportunités économiques.
Le niveau élevé de pauvreté énergétique à travers l'Afrique à l'heure actuelle compromet le développement économique et social du continent. Il peut également alimenter l'instabilité politique et peut même avoir une influence sur la création d'Etats défaillants. En effet, il semble qu'il y ait une forte corrélation entre stabilité politique et des taux d'électrification plus élevés partout dans le monde. Historiquement, l'accès et l'utilisation des technologies énergétiques modernes ont joué un rôle important dans l'amélioration de la qualité de vie des êtres humains. Une grande partie de l'activité humaine tourne autour de l'obtention de nourriture adéquate et appropriée et l'accès aux conditions de confort thermique.
L'accès aux services énergétiques modernes (définis comme l'accès des ménages à l'électricité et aux installations de cuisson propres par l'Agence internationale de l'énergie) permet aux ménages individuels de répondre à ces besoins beaucoup plus facilement. Ils aident les individus à se nourrir et nourrir leurs familles, à se sentir en sécurité, confortables et sains dans leurs maisons, à communiquer plus efficacement et accéder à l'information et aux divertissements, et à profiter des opportunités de développer des activités génératrices de revenus et ainsi améliorer les moyens de subsistance de la famille. Améliorer la fiabilité et la couverture des systèmes énergétiques est absolument crucial pour un processus d'industrialisation réussie qui peut favoriser la croissance de nouvelles industries avec une valeur ajoutée significative. Le manque d'accès aux systèmes énergétiques modernes diminue aussi le développement socio-économique de tout le pays et sa participation dans l'économie mondiale reste alors marginale si les systèmes énergétiques sont insuffisants et inadéquats.
Comment pouvons-nous donc répondre aux besoins énergétiques du continent ? Les deux objectifs supplémentaires du SE4All pour nos dirigeants sont de réaliser cette transformation radicale dans l'accès à l'électricité tout en réduisant activement les émissions mondiales de carbone grâce à la promotion de technologies à faibles émissions de carbone et l'efficacité énergétique. Il est important que le Nord et le Sud travaillent ensemble pour aider les pays africains à réaliser les objectifs ambitieux inscrits dans le SE4All.
Il est encourageant de voir que dans les récents traités internationaux (tels que ceux annoncés à la COP21 à Paris) les pays les plus riches du monde se sont engagés à investir des ressources importantes afin de soutenir l'accélération rapide de l'adoption des énergies renouvelables dans les pays du Sud pour les aider à atténuer les effets du changement climatique et promouvoir le développement local durable.
Le rôle du renforcement des capacités et de la recherche appliquée dans cette adoption ne doit pas être sous-estimé : développement, optimisation et dissémination de nouvelles technologies, mécanismes novateurs pour financer les projets d'énergie renouvelable, et des preuves pour formuler des politiques d'énergie renouvelable efficaces – pour ne citer que quelques exemples.
C'est pour cela que le Programme de coopération Afrique-UE dans le domaine des énergies renouvelables (RECP), qui soutient le développement du marché des énergies renouvelables en Afrique, a récemment pris des mesures pour fournir une plateforme scientifique pour la coopération de recherche UE-Afrique.
Le premier Colloque «Recherche et Innovation UE-Afrique en Energie Renouvelable» fut tenu le mois dernier à Tlemcen, en Algérie. Ce Colloque était organisé par le Programme de coopération Afrique-UE dans le domaine des énergies renouvelables (RECP), l'Université panafricaine pour les sciences de l'eau et de l'énergie (y compris le changement climatique) (PAUWES) et l'Université Abou Bakr Belkaïd de Tlemcen.
Plus de 135 experts internationaux, venant de 30 pays d'Europe et d'Afrique et représentant les universités, les institutions de recherche, le secteur public, les associations industrielles et les organisations internationales ont assisté à l'événement. Le colloque a mis l'accent sur trois domaines d'action pour les communautés scientifiques et de développement.
Premièrement, bien que le rôle du monde universitaire dans la promotion du marché et des politiques des énergies renouvelables ne doive pas être sous-estimé, il est regrettable que la plupart des projets de recherche se terminent par la publication d'un article scientifique. Les chercheurs doivent maintenir des partenariats étroits avec le secteur privé afin de convertir la science en solutions pratiques et aptes à attirer du financement pour les instituts de recherche. Les acteurs du secteur privé devraient également être impliqués à tous les niveaux d'un projet de recherche, s'assurant que la recherche réponde à des besoins de marchés réels.
Ensuite, l'accès à l'énergie n'est pas uniquement une question d'accès physique aux sources d'énergie. Il s'agit aussi de la capacité des gens à payer pour ces ressources. Plusieurs communautés à travers l'Afrique vivent à quelques mètres des systèmes de réseaux nationaux et, malgré cela, elles n'ont pas accès à l'électricité passant si près de leurs maisons. Il est donc important d'adopter une approche centrée sur les gens dans tous les projets de recherche sur les énergies renouvelables en Afrique.
Cela comprend le besoin de se concentrer sur des solutions hors-réseau rentables au niveau des ménages et la reconnaissance du rôle des femmes dans l'usage, l'entrepreneuriat, l'élaboration des politiques et la recherche sur l'énergie. Enfin, bien que des fonds soient disponibles, financer la recherche sur les énergies renouvelables en Afrique reste difficile. Le manque de sensibilisation, les procédures d'application difficiles, et les capacités limitées entravent souvent l'accès aux ressources de financement disponibles telles que Horizon 2020, le plus grand programme de financement de la recherche et de l'innovation en Europe. Des propositions de recherche conjointes avec les institutions internationales partenaires peuvent considérablement accroître les chances d'applications réussies et améliorer la qualité des résultats de recherche.Pour avoir plus d'informations sur le colloque, ainsi que pour avoir accès au Recueil des résumés et aux présentations des conférenciers, veuillez visiter le site internet du Colloque.

Par Dr Ed Brown : Coordinateur national du «UK Low Carbon Energy for Development Network», Université de Loughborough
et
Dr Zivayi Chiguvare : Directeur du «Namibia Energy Institute», Université des Sciences et Technologies de Namibie


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