Les barricades infranchissables, les herses et les blocs de pierre sont « entrés dans les habitudes ». Le parc automobile à Alger est en progression constante. Cette situation s'est-elle accompagnée par un agrandissement des rues ou du moins leur réaménagement ? Aucunement, puisque ces mêmes rues, héritées de l'époque coloniale, ont été fermées. Au centre-ville, où se concentrent plusieurs bâtiments publics, des tronçons routiers sont interdits aux piétons, mais surtout aux automobilistes, contraints à des détours énormes et plusieurs heures de patience dans des bouchons immenses. « Qui décide de fermer ces rues, pour quelle raison et pour combien de temps ? On n'en sait pas beaucoup. L'argument sécuritaire n'explique pas tout. Les sièges des administrations sont fermés alors qu'il suffisait de les délocaliser pour en finir aveccette situation désagréable », suggère un résidant de la rue Hassani Issad. « Depuis quelque temps déjà, je gare ma voiture au parking de Tafourah, relève-t-il. L'attentat du Palais du gouvernement a décidé les autorités à fermer avec des chaînes plusieurs trottoirs et renforcer la sécurité autour du CCF (Centre culturel français) et des bâtiments de la wilaya et de l'APN. » Les marches menant du boulevard Pasteur à la rue Docteur Saâdane, en face de la direction des Douanes, sont barrées. Les escaliers du Palais du gouvernement et l'allée de la Faculté centrale le sont aussi. « Les services de police décident de fermer ces tronçons sans se référer à aucune autorité », assure un membre de la commission de gestion de la circulation de la daïra de Sidi M'hamed qui n'a que quelques prérogatives : réguler le flux et décider de l'installation des plaques. A Alger-Centre, l'on s'en prend aux commerçants qui « squattent » des parties de la chaussée. « Des commerçants, surtout ceux des quartiers en retrait de la ville, mettent la main sur une partie de la rue ou du trottoir. Nous avons décidé de sévir en se faisant accompagner par les services de la police de l'urbanisme. Nous avons recensé 150 endroits où des pieux anarchiques ont été installés », affirme M. Bettache, élu à l'APC d'Alger-Centre. Les barricades infranchissables, les herses et les blocs de pierre sont « entrés dans les habitudes ». En face du siège de la Sûreté de wilaya d'Alger, ce sont deux ruelles qui ont été fermées : aucune des voitures qui y garaient auparavant n'est admise. Les commissariats d'Alger-Centre et de presque toutes les circonscriptions ont opté pour les mêmes mesures. Un autre phénomène a vu le jour : des APC se « barricadent », comme c'est le cas à Mohammadia, Bab Ezzouar et Sidi M'hamed. « Des élus qui veulent se donner de l'importance ferment les abords du siège de l'APC, sans que leur tutelle ne s'en soucie. Que l'on ferme les passages menant à une brigade de la police ou de la gendarmerie, cela se comprend, mais que des élus ou bien des personnalités publiques, comme c'est le cas dans un quartier à Hydra, le font, c'est de l'impunité et de l'insolence », regrette un habitant d'El Biar qui assure que l'annexe de l'APC de Hydra à la cité Sellier est « entourée de quelques pieux ». Selon cet « Algérois pure laine », les rues « n'appartiennent plus aux habitants ». « Des trottoirs de la wilaya ont été fermés depuis longtemps. On ne compte plus leur nombre. Quand je pars à pied jusqu'au square, je suis souvent contraint de rejoindre l'autre trottoir du front de mer (rue Zighout), la wilaya ayant bloqué le perron de son siège avec des barres de fer, comme l'a fait plus loin à Bab El Oued la DGSN. Il faut rendre les trottoirs et les rues aux Algérois, le droit constitutionnel de circuler librement (art. 44 de la Constitution. Ndlr) doit être respecté », souhaite-t-il.