Sept ans après son annonce et plus de cinq ans après sa mise en œuvre, le programme des 100 locaux par commune s'empêtre dans d'inextricables difficultés : grands retards dans la réalisation, inadéquation des gabarits des constructions avec la vocation du projet, financement aléatoire, entraves bureaucratiques… En somme toutes les tares qu'induisent l'improvisation et le volontarisme politicien. Signe éloquent, c'est sans doute la première fois que des jeunes, chômeurs de surcroît, rechignent à postuler au bénéfice de structures qui leur sont pourtant destinées. Annoncé par le président de la République, lors d'une réunion avec les walis en octobre 2003, comme un apport décisif de l'Etat non seulement sur le chapitre de la promotion de l'emploi mais aussi sur celui de la consolidation de la fiscalité communale, le programme prévoyait la construction de 150 000 locaux à travers les circonscriptions du pays. Avec une ambition minimale de deux emplois générés par chaque activité, on a escompté la création d'au moins 300 000 emplois, moyennant le passage par le dispositif d'aide à la création d'activités, via l'Ansej, l'Angem et autre Cnac. Blocs en rase campagne Sur le terrain, même si le programme est mis en œuvre sur le sectoriel, les maires ont hérité, entre autres corvées de départ, de la mission de dénicher des terrains suffisamment indiqués pour recevoir des structures dont la finalité requiert une proximité avec la clientèle potentielle des activités à créer. Mais beaucoup parmi les élus, pressés par des exécutifs de wilaya, eux-mêmes soumis à l'obligation de faire passer coûte que coûte un programme parrainé par le président, ne se sont pas compliqués l'existence. Des quotas ont été ainsi érigés quasiment en rase campagne, notamment dans les localités rurales, ce qui a, bien entendu, déprécié avant d'émerger des fondations, des structures réalisées dans la hâte et parfois au mépris des normes de construction. Quelle activité professionnelle pourrait en effet prospérer dans des ensembles excentrés des agglomérations, dont les unités s'étagent sur le modèle du bazar commercial et se ramassant souvent sur des espaces exploitables d'à peine une vingtaine de mètres carrés ? « Le programme n'a pas été réfléchi, n'a pas basé sur une demande motivée de la base ; on a privilégié le slogan au détriment d'une approche économique et réaliste du sujet. L'argent injecté pour financer le projet aurait pu simplement servir à l'acquisition des locaux de l'OPGI par exemple ; cela aurait fait à l'Etat l'économie de construire des blocs à tout va et lui aurait permis de rentabiliser un bien immobilier existant déjà », estime un parlementaire ayant déjà eu à gérer le dossier à la tête d'une commune rurale de Kabylie. Le dernier bilan disponible sur le site du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, bloqué sur les taux de réalisation, arrêté à janvier 2009, s'enorgueillit d'avoir effectué la moitié du chemin. Soit un peu plus de 80 000 locaux de construits. Combien de temps faudra-t-il pour livrer l'autre moitié ? Quant à la création d'emplois…