Photo : M. Hacène Par Amirouche Yazid Les émeutes récurrentes ont le mérite de le rappeler à longueur d'année. Le développement local est à la traîne nonobstant les programmes lancés ces dernières années. La concrétisation de ces programmes demeure visiblement entravée par divers facteurs. Des citoyens n'hésitent pas à manifester leur ras-le-bol à cause de leurs conditions de vie déplorables en fermant les accès de la daïra, sinon le portail de l'APC. Même si toutes les localités du pays souffrent de cette situation, il n'en demeure pas moins que certaines se distinguent plus que les autres en matière de non-concrétisation des projets de développement. Les programmes de développement consacrés aux communes peinent manifestement à produire l'effet attendu. Les habitants des localités les plus oubliées de la capitale pointent l'un doigt accusateur sur les responsables locaux. Ces derniers sont accusés de les avoir exclus et marginalisés. «Tout le monde sait que la commune des Eucalyptus possède d'énormes potentialités de progrès, mais nous demeurons les derniers en matière d'accès aux programmes de développement», témoigne un groupe de jeunes attablés dans un café mitoyen du jardin public, non loin du siège de la daïra. Le retard est résumé par une série de revendications qui ont trait au réseau d'assainissement, aux infrastructures sanitaires et postales, au gaz de ville et à bien d'autres commodités qui font rêver les populations locales. «Ils ne font pas leur travail. Ils ignorent même que nous habitons ici et que nous avons besoin de conditions de vie meilleures», ajoute un restaurateur qui se plaint des coupures d'eau répétitives. Mais incontestablement, c'est l'activité commerciale qui fait courir tous les candidats potentiels à un projet de développement. A un degré moindre, le secteur du bâtiment offre de belles opportunités d'emploi pour les jeunes. Mais elles sont lois d'être pérennes. Les différents projets de construction lancés par les pouvoirs publics pour absorber la crise du logement participent à la création d'emplois. Cela demeure néanmoins insuffisant dans la mesure où la durée de l'emploi expire avec l'achèvement des travaux. Même dans les régions à vocation agricole, c'est le programme des 100 locaux communaux qui attire davantage de jeunes porteurs de projets. Ces derniers avouent cependant les difficultés qu'ils rencontrent avant la concrétisation du projet. Il est ainsi question de mieux encadrer la chaîne d'interventions pour un minimum d'efficacité. Pour un intervenant, concernant les questions liées au développement local, le pari est encore jouable. Il évoque néanmoins des préalables. «Les conditions existent et peuvent être mobilisées pour la durabilité de l'option. Il s'agit donc de trouver les voies et moyens pour mettre le tout en corrélation et faire contribuer tous les intervenants sur le terrain d'une manière coordonnée. Un programme spécial doit être dégagé pour l'ensemble des intervenants pour rendre leurs interventions plus efficaces. Ils doivent suivre les différentes étapes conçues par le Plan de renforcement des capacités humaines et de l'assistance technique (PRCHAT). Cela ne veut aucunement dire que l'on soit déficitaire en communication, mais il faut parfaire la méthode actuelle. Cela ne veut pas dire non plus que les autres secteurs ne contribuent pas ; d'ailleurs, il n'y a qu'à se référer au bilan des réalisations des logements ruraux qui, durant le mandat antécédent, ont atteint les 500 000 unités et 700 000 seront construits avant 2014», dira-t-il lors d'un forum. Véritable bouffée d'espoir pour les jeunes, le projet des 100 locaux pour chaque commune n'a pas évolué au rythme souhaité par ses promoteurs. Sept ans après son lancement, le projet stagne. De quoi désillusionner les plus téméraires. Les habitants des Eucalyptus ne se font plus d'illusion à ce sujet, eux, qui ont tant misé sur ce programme. Le retard qui a marqué la distribution de ces locaux est pour beaucoup dans l'échec de ce programme. «Il faut savoir à ce sujet que ni les modalités d'acquisition, ni le profil du postulant et encore moins les critères exigés pour l'acquisition de ces locaux n'étaient clairement définis au début de la mise en œuvre de ce programme. Par conséquent, les walis ont dû attendre le décret exécutif 06-366 du 19 octobre 2006, portant création de comité de wilaya chargé de l'attribution des locaux commerciaux au profit des jeunes, pour procéder à l'installation officielle de ces commissions, avec pour mission d'étudier tous les dossiers et d'établir la liste des bénéficiaires», explique un jeune diplômé en agronomie qui a fini par abandonner après une longue attente. D'autres problèmes surgissent également au moment de la distribution. Face à l'impossibilité de répondre positivement à toutes les demandes, les voix de la colère se font naturellement entendre. En déficit d'arguments sur les critères retenus dans la sélection, les milliers de demandeurs déçus n'ont d'autre recours que la protestation. Une opération de distribution de cent locaux commerciaux a tourné à l'émeute dans la wilaya de Tiaret quand des jeunes chômeurs, s'estimant lésés par la commission chargée d'établir les critères d'attribution, ont menacé de se suicider. Dans d'autres localités de la capitale, beaucoup de zones d'ombre accompagnent ledit projet. Les locaux sont pas encore ouverts sans qu'un élu ou responsable local ne puisse livrer la raison réelle d'un tel blocage. «Ce n'est pas encore réglé avec l'administration», se contentent de dire des élus. Le blocage n'est pas sans conséquences dans le sens où quelques locaux sont déjà saccagés bien avant d'âtre livrés aux bénéficiaires. Les services de l'APC se trouvent à chaque fois dans l'obligation d'intervenir et de réparer les dégâts en attendant l'occupation de ces commerces par leurs propriétaires. Des centaines de millions de dinars ont été réquisitionnés pour la circonstance dans certaines circonscriptions où à peine 50% de ces locaux ont été achevés à ce jour. Dans le but de relancer l'activité dans les communes de la capitale, la wilaya d'Alger, a bel et bien attribué jusqu'ici près de 1 900 locaux commerciaux et professionnels pendant que 2 800 sont en cours de réalisation ou attendent d'être attribués à travers les 57 communes de la capitale. Au début, ce projet a connu un grand engouement à travers l'ensemble des communes de la capitale. Baraki, Kouba, Ouled Chebel, Rouiba, Birtouta, Zéralda et Tessala El Merdja, ont toutes mené à bien ce projet. Mais la désillusion a été encore plus grande car force est de constater que les bénéficiaires n'ont pas été, du moins pour la plupart d'entre eux, des jeunes nécessiteux. La commune de Belouizdad a dû reporter la distribution de ses locaux après avoir découvert sur la liste des futurs bénéficiaires des intrus n'ouvrant pas droit à ce programme. Un signe qui ne trompe pas sur l'imprévoyance qui accompagne la préparation de tels plans visant la création de l'emploi et la stabilisation de la société.