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Des os, des mots
Publié dans El Watan le 14 - 05 - 2016

Chenjerai Hove a été un romancier moderniste dont l'approche littéraire et le style ont apporté un souffle nouveau. Il a publié quatre romans et de nombreux textes poétiques où se distingue, à nos yeux, le roman Bones (Les os) qu'il a publié en 1990 et qui lui a valu le prix Noma Award, prix qui honore la meilleure œuvre publiée en Afrique.
Bones est un texte écrit pour rendre hommage aux femmes zimbabwéennes et africaines pour leur abnégation et leur souffrance en situation de combat pour la liberté. Chenjerai Hove met en scène dans ce roman une mère, Marita, dont le fils s'est engagé pour libérer le pays des colons anglais. Le texte fictionnel honore ces femmes dont les fils et les maris sont partis pour ne plus revenir, soit parce qu'ils sont allés se battre pour l'indépendance du Zimbabwe, soit parce qu'ils se sont exilés pour des raisons économiques ou autres, d'où l'actualité du propos par rapport au départ sans retour et à la douleur des mères.
Le roman aborde aussi la question de la conscience africaine qui devrait être préoccupée par le poids des Bones, ces os abandonnés après les guerres et/ou les pics de misère et qui brillent au soleil des déserts. Cette conscience devrait concerner avant tout les dirigeants africains qui voient leurs jeunes partir et mourir sans émettre le moindre commentaire. Bones est donc un texte moderne qui aborde la question de l'histoire, et d'abord celle du Zimbabwe.
Le roman comporte quinze chapitres dont les titres portent des noms de personnages, comme Janifa, Marita, Marcume, Chisaga, ou des titres comme La femme inconnue ou Les esprits parlent. Tout critique peut déceler une cohérence dans la thématique de la perte de l'être cher. Il y a donc le rapport de la mère ou de la sœur avec l'esprit des morts qui parlent aux vivants.
La modernité de la composition de Chenjerai Hove s'évalue dans le fait que le texte n'est volontairement pas linéaire, avec un début, un milieu et une fin, et un paroxysme tragique dans l'histoire contée. Il est à noter que le roman se termine comme il a débuté, c'est-à-dire par la lecture de la lettre envoyée par le fils parti en guerre à son épouse Janifa, et que la mère, Marita, ne sachant pas lire, veut encore écouter, comme une litanie, car elle ne peut faire son deuil. La mère demande donc une nouvelle fois à Janifa de lui lire les derniers mots écrits par son fils avant d'être tué par les forces coloniales contre lesquelles il combattait.
Entre ces deux scènes qui encadrent en quelque sorte le roman, l'auteur intègre la vie de multiples personnages inscrits dans l'histoire du pays contée avec les interrogations et les sentiments contradictoires qui unissent les membres d'une même famille, d'une même nation. Le discours littéraire est ancré sur la narration qui révèle la psychologie des personnages. Le style de Chenjerai Hove est marqué par une élégance stylistique où le mot juste donne le ton au texte court mais intense. La place aux proverbes africains est conséquente dans le récit comme «La honte ne doit pas être porté comme un vêtement».
L'autre particularité de Hove réside dans le mélange heureux de l'oralité africaine et de l'écrit moderniste. Il serait juste de dire que ce mélange rappelle l'écriture particulière du Nouveau Roman et de l'incantation comme le montre cet extrait : «Marita tu es celle qui m'a raconté que la terre respirait, afin que je ne jette pas de saleté aux alentours. Les arbres, les rochers, le sol, la terre, tu as dit qu'ils parlaient une fois comme des êtres humains, ils ont participé à des courses et ils se sont donné des prix.
Comme j'ai imaginé le baobab, courant maladroitement à travers les plaines avec l'herbe et les petits arbres pouffant de rire en voyant le gros ventre du baobab montant et descendant. Maintenant que tu es morte Marita, qui me racontera les histoires de lézards.»
Le style est poétique et les images évocatrices. Le réalisme se mêle
à l'imaginaire.
Ce qui est significatif, c'est la capacité du romancier à dépeindre les relations psychologiques intimes entre les personnages et, dans le même temps, d'être critique de façon cinglante vis-à-vis du colonialisme et de ses méfaits. La complaisance n'est pas de mise : «Tout le village de Murumba venait ici pour chercher du travail, surtout quand ils entendaient qu'un nouveau fermier allait s'installer. Certains arrivaient avec leurs enfants, leurs chiens et leurs chats et tout ce qu'ils pouvaient transporter», ce qui démontre la pauvreté extrême des autochtones. Le colonialisme et ensuite le pouvoir ne pensent qu'à s'enrichir. Mais le roman est porteur d'espoir, d'amitié et d'ouverture. Chenjerai Hove, parti si jeune, chante son peuple, les femmes de ses contrées, courageuses et généreuses dans leur rapport à l'histoire.
Le message qu'il nous laisse, c'est sa demande de bonté et de générosité, de partage et d'empathie pour une Afrique libre et fière de ses ancêtres, de ses combattants et de son histoire.


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