L'agression dont s'est rendu coupable un EPIC appartenant à la wilaya de Constantine contre un pan centenaire du patrimoine de la ville souligne une fois de plus l'ignorance dangereuse qui règne au sein de l'administration et des entreprises locales, qu'elles soient publiques ou privées. Le grillage que l'EPIC projetait d'installer aux abords du Remès, au niveau du pont Sidi M'cid, était justifié soi-disant par la volonté d'empêcher chutes et suicides ! À suivre la logique de ces gens, on devrait démonter tous les ponts de Constantine pour mettre fin aux suicides ! Les hommes qui décident d'agir ainsi sur des sites (et leurs commanditaires) doivent certainement ignorer la valeur de ce patrimoine comme ils ignorent les lois de la République qui protègent ce même patrimoine. Ils sont à la fois indignes de la responsabilité dont ils sont récipiendaires, mais par leurs actes, ils encourent les peines réservées par le législateur contre toute atteinte au patrimoine. D'autant que ces lieux sont doublement protégés ; d'abord dans le cadre de la liste générale du ministère de la Culture, des biens culturels protégés à Constantine, laquelle classe les Gorges du Rhummel parmi les sites et monuments naturels en date du 20/01/1928, conformément à l'article 62 de l'ordonnance n° 67-281 du 20/12/1967,et ensuite dans le cadre du décret n°05-208 du 4 juin 2005 instaurant la vieille ville de Constantine comme secteur sauvegardé. C'est une question de culture, mais c'est surtout une question de responsabilité et à ce niveau, nul n'a le droit d'ignorer la loi et de mettre en péril un bien commun d'une telle valeur. Fort heureusement, l'élan citoyen manifesté (faute de mieux) sur les réseaux sociaux est venu combler le vide et remplacer l'inconséquence des institutions et du mouvement associatif. L'annulation du misérable «chantier», on la doit à l'offensive internaute qui s'est avérée efficace. Bravo pour cette mobilisation exemplaire et sus aux ignorants !