Si la plupart des algériens finalisent les derniers achats pour le Ramadhan, d'autres se préparent à partir en vacances. Alors que la majorité les agences de voyages prennent leur congé durant cette période, à moins de deux semaines du mois de jeûne, de nombreux algériens bouclent leurs valises et s'apprêtent à partir. Que ce soit en Algérie ou à l'étranger, les destinations varient. «A part quelques offres pas très intéressantes qu'on retrouve sur internet, côté agences de voyages, rien n'est prévu», confie Nabila, 35 ans, avocate. En effet, de nombreuses agences de voyages n'ont rien prévu pour cette période. Une responsable de l'agence de voyages Get Tours affirme : «L'Algérien ne se déplace pas pendant cette période, c'est pour cela qu'on ne prévoit rien. Cependant, le mois sacré n'empêche pas les voyageurs de partir en vacances étant donné que les hôtels proposent des formules en demi-pension. Que ce soit en Algérie ou à l'étranger, le rythme reste le même et partir en vacances durant le mois sacré, ne serait-ce que pour les enfants, ne peut pas poser problème pour certaines familles». De son côté, un employé de l'agence Ok Voyage confie : «Notre agence ne propose aucune formule spéciale Ramadhan étant donné que ceux qui choisissent de partir en vacances durant cette période sont rares. Ces derniers, de façon générale, organisent leurs voyages seuls, sans s'adresser à nous car les offres sont rares, voire indisponibles». Même son de cloche pour l'agence Maouassim voyage dont une responsable confie : «A part pour la Omra, nous n'avons aucune demande ou offre pour des vacances au soleil. Comme cela coïncide avec le mois sacré, la majorité des Algériens préfèrent rester chez eux. Certains prennent leur congé pour rester à la maison, mais personne ne pense à se déplacer ou à voyager étant en période de jeûne». Ambiance Si les agences de voyages ne sont pas très favorables à la mise en place de formules spéciales Ramadhan, la demande n'étant pas forte ou par peur d'être taxés d'atteinte au Ramadhan, les voyageurs prennent les devants et organisent seuls leur départ. C'est le cas de Nabila. Elle confie : «Nous avons organisé notre voyage tout seuls». Mais pourquoi avoir fait ce choix ? Nabila explique : «Le choix pour partir en vacances pendant le Ramadhan est motivé par les prix des billets qui n'atteignent pas des pics, c'est le cas pendant la haute saison. Les prix sont raisonnables, donc autant en profiter.» Le Ramadhan ne pose pas de problème pour Nadia et sa famille. «Ce n'est pas un obstacle pour nous. Le plus important pour nous est de nous attabler au moment de la rupture du jeûne. C'est vrai que l'ambiance n'est plus la même, mais c'est juste un sacrifice pour dépenser moins. De plus, étant donné que je ne suis pas trop portée sur la plage, le délassement pendant ce mois ne me dérange pas. On part en vacances durant cette période pour faire plaisir à nos enfants. Agés de 5 et 7 ans, ils ne font pas carême, ils peuvent alors s'amuser à la mer comme si de rien n'était. Pour cette année, nous avons décidé de partir en France, puis rentrer en Espagne. Le départ est prévu pour la deuxième semaine du Ramadhan. On prendra le bateau pour nous rendre à Marseille où nous avons loué un appartement pour une semaine. Durant la journée, nous avons mis en place un programme chargé. Même si nous ferons le jeûne, nous avons prévu des activités pour les enfants, du shopping et des balades. Après la rupture du jeûne, nous sortirons le soir. De plus, ayant mes sœurs là-bas, ça sera l'occasion pour nous de nous retrouver autour d'un bon ftour. La deuxième semaine, nous prendrons la route pour partir en Espagne. Nous avons loué une villa au bord de la mer. Depuis le balcon, je peux voir mes enfants nager. Quand arrivera le moment du ftour, on pourra improviser un pique-nique sur la plage. Ça nous changera des ftours habituels devant la télé». Pour Nabila, partir en vacances durant cette période est juste une question de «volonté». L'avocate conclut : «Je suis convaincue que tout se passera bien. Le jeûne va se passer sans aucun problème et j'aurai la satisfaction de voir mes enfants heureux. Tout mon entourage s'étonne de ce décision car on est habitués à être cloîtrés à la maison durant le carême. En fait, c'est une question de tradition qu'il faut renouveler.» Nabila n'est pas un cas à part ; ils sont aujourd'hui nombreux à partir en vacances durant le Ramadhan. Habitués Samira, 43 ans, enseignante universitaire raconte : «Avec 4 enfants en bas-âge, nous avons décidé de partir dans un complexe touristique à Mostaganem. Il est réservé aux familles de militaires. C'est moins cher que de partir à l'étranger. Une offre de moins de 50% nous a été proposée. Ce qui est bien, c'est que toutes les commodités pour préparer un bon ftour sont disponibles. Ce qui est bien aussi, c'est que le complexe est non seulement près de la mer, mais en plus il n'est pas loin de la ville. Les enfants peuvent alors profiter du soleil, et nous on pourra sortir en ville nous balader. Il ne faut surtout pas se leurrer, quand on a des enfants, le programme est tracé selon leurs volontés. Donc, peu importe qu'on soit en période de jeûne ou pas, la priorité reste le bien-être des enfants». L'enseignante n'est pas à son premier départ en vacances pendant le mois sacré. Elle témoigne : «J'ai déjà tenté l'expérience en 2014 à Tipasa et j'ai été très satisfaite. Sans faire spécialement trop d'efforts, j'accompagnerai mes enfants à la plage. Ils pourront s'amuser tandis que je serai sous le parasol. Au moment du ftour, ils seront déjà face à la télé après une journée chargée, et on pourra, avec mon mari, rompre le jeûne tranquillement. Dommage que le Ramadhan de l'année prochaine ne coïncidera pas avec les vacances. Je commence à m'habituer à ce nouveau rythme de vacances.» Le Ramadhan est aussi la période où l'activité commerciale de certaines activités connaît un certain ralentissement. C'est le cas de Samir, transitaire : «Pendant le Ramadhan, on note une baisse sensible de l'activité. Il m'est arrivé de ne pas travailler plusieurs jours dans la semaine. Je reste enfermé à la maison avec mes enfants. Eux qui sont encore jeunes et ne font pas le carême se lassent. J'ai donc décidé de bouger cette année. En Tunisie par exemple, des offres spécial Ramadhan sont proposées. Mieux encore, c'est moins cher.» L'astuce de Samir : il part deux jours avant le début du Ramadhan par route, fait escale à Annaba pour arriver à destination le premier jour du mois sacré. Il compte ainsi y passer 10 jours.