Par la faute des Américains, l'Irak, ce berceau de la civilisation humaine, risque de disparaître de la carte. L'invasion du pays, décidée par George W. Bush, Ronald Rumsfield, Dick Cheney et Richard Perle, ce chef du sionisme radical, pour s'emparer des puits de pétrole irakiens, a mis en évidence des antagonismes latents que la dictature sanglante de Saddam Hussein a étouffés durant des décennies. Aujourd'hui, tous les ingrédients sont réunis pour la dislocation de l'ancien règne abasside qui a énormément contribué au développement de la science et de la culture dans le monde. En effet, une campagne électorale pour des élections législatives a démarré hier avec, en arrière-fond, un relent de règlements de comptes entre communautés préjudiciables pour l'avenir du pays. Un comité pour la responsabilité et la justice, créé en 2008 pour la « débaassification » mais qui n'a pas d'existence légale, est en train de mettre de l'huile sur le feu. Dirigé par Ali Chalabi, un personnage sulfureux qui a été agent de la CIA et qui est aussi connu pour être un banquier escroc, cet organisme a éliminé environ 500 candidats, dont des personnalités connues, sous prétexte qu'elles auraient eu des liens avec le parti Baâth. Une particularité : les bannis sont des sunnites et les bannisseurs des chiites, parmi ces derniers deux candidats. Il est vrai que Saddam Hussein avait favorisé la communauté sunnite et brimé les chiites au point d'interdire à ces derniers leurs processions religieuses par exemple. Il a même gazé la ville kurde de Hallalija, à la suite d'un attentat contre sa personne, tuant au moins 5000 femmes et enfants. Il a laissé en héritage un fossé de haine insurmontable entre les trois principales communautés du pays. Le Kurdistan irakien a déjà un pied dans la sécession. Il se trouve que les pays voisins de l'Irak font tout pour accentuer le climat de discorde. Téhéran, qui s'est érigé en une sorte de Vatican du chiisme, attise la flamme de la division tandis que certaines monarchies du Golfe veulent consolider l'extrémisme sunnite en armant les éléments radicaux. En quelque sorte, une guerre d'influence entre sunnites et chiites, entre puissances de la région par Irakiens interposés. Il ne faut pas oublier que le chef des chiites irakiens est l'ayatollah Ali Sistani... un Iranien. Israël avait toujours rêvé de la balkanisation des pays du Proche et du Moyen-Orient pour asseoir son hégémonie dans la région. Son rêve est en marche. Un plan de démembrement de l'Irak en trois Etats – chiite, sunnite et kurde – existe depuis les années 1980. Apparemment, ce plan est en exécution, en attendant le tour de la Syrie, de l'Arabie Saoudite et autres. Le monde arabe est malheureusement paralysé face au danger. Les régimes les plus rétrogrades, comme les wahhabites saoudiens, s'occupent plutôt à concentrer leurs efforts contre les velléités démocratiques des peuples arabes. La Ligue du même nom, censée au moins tirer la sonnette d'alarme, est plus préoccupée de la pérennisation de la dynastie Moubarak que d'autres choses.