La concurrence sur le marché mondial du gaz devrait être de plus en plus rude dans les années à venir et les capacités de liquéfaction devront augmenter de 45% d'ici 2021, indique le dernier rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Connue pour être proche des pays consommateurs, l'AIE estime que d'ici les cinq prochaines années, les cartes seront complètement redistribuées sur le marché mondial du gaz et la concurrence y deviendra intense, avec des pays comme les Etats-Unis et l'Australie qui seront alors à même de bousculer l'actuel plus grand exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, en l'occurrence le Qatar. Entre 2015 et 2021, anticipe en ce sens l'AIE, «la capacité de liquéfaction augmentera de 45%, principalement aux Etats-Unis et en Australie où de nouveaux projets ont déjà commencé à accroître leur production, alors que plusieurs autres sont à un stade avancé de développement». L'AIE, qui prévoit des changements «importants» à court et moyen termes dans le commerce mondial du gaz, souligne que malgré la faiblesse actuelle de la demande et des prix, le marché devrait enregistrer une croissance «massive» des approvisionnements en GNL. «Le commerce mondial du gaz connaîtra, dans les cinq prochaines années, une véritable refonte en raison de nouveaux approvisionnements de GNL et d'une croissance de la demande sur certains grands marchés», note ainsi l'Agence dans son dernier rapport. Tout en évoquant de «faibles» perspectives du côté des deux principaux acheteurs de GNL de la planète (le Japon et la Corée du Sud), le rapport indique que les nouveaux approvisionnements devront trouver d'autres marchés comme la Chine, l'Inde et des pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), qui «vont émerger comme de principaux acheteurs». Globalement, relève l'AIE, la production de gaz devrait progresser de 1,5% par an en moyenne entre 2015 et 2021, soit une croissance bien moins forte que sur les six années précédentes du fait notamment du recul des investissements. «Un ralentissement de la croissance de la demande d'énergie primaire et le déclin de l'intensité énergétique de l'économie mondiale pèsent sur la croissance de la demande de toutes les énergies fossiles, gaz y compris», souligne en ce sens l'Agence, ajoutant que le développement soutenu des énergies renouvelables, aux Etats-Unis notamment, et un charbon bon marché entravent aussi la progression du gaz dans le secteur de la production d'électricité. Aussi est-il attendu que le marché du gaz devrait rester excédentaire au moins jusqu'en 2018, avant de revenir progressivement à l'équilibre jusqu'en 2021, tandis que les prix resteront sous pression, notamment en Europe, considérée comme un débouché pour les cargaisons de GNL excédentaires «en raison de la flexibilité de son système gazier et des marchés spot bien développés».