«La plupart des nouveaux approvisionnements américains seront destinés au marché de l'exportation sous forme de GNL ou de pipelines. Le développement des exportations de GNL américain apportera une flexibilité supplémentaire au marché mondial», indique l'AIE. L'industrie du gaz restera encore une valeur sûre pour les cinq prochaines années. C'est ce que révèle le rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur le gaz, publié hier, qui place la Chine et les Etats-Unis comme principaux acteurs du boom attendu pour l'industrie du gaz. L'AIE prédit donc un avenir brillant pour le gaz et s'attend à trois grandes transformations que les acteurs du marché doivent absolument prendre en compte. «La forte croissance de la demande en provenance de Chine, la demande industrielle accrue et la hausse des approvisionnements des Etats-Unis transformeront les marchés mondiaux du gaz naturel au cours des cinq prochaines années», indique le rapport de l'AIE. Cette dernière prévoit une hausse en moyenne de 1,6% par an de la demande mondiale de gaz pour atteindre un peu plus de 4,1 milliards de mètres cubes en 2023, contre 3,74 milliards de mètres cubes en 2017. La Chine sera le moteur de cette hausse avec une augmentation de sa consommation encouragée par une forte croissance économique et un soutien politique à lutter contre la pollution de l'air en passant du charbon au gaz. Enregistrant l'année dernière une hausse de 15% de sa consommation de gaz naturel, la demande gazière du géant asiatique devrait encore augmenter de 60% entre 2017 et 2023 : «La Chine représente à elle seule 37% de la croissance de la demande mondiale au cours des cinq prochaines années et deviendra le plus grand importateur de gaz naturel d'ici 2019, avec 171 milliards de mètres cubes à importer.» D'autres pays d'Asie ne seront pas en reste, puisque l'AIE prévoit aussi une forte croissance de l'utilisation du gaz dans des parties de ce continent, notamment en Asie du Sud et du Sud-Est connaissant un boom économique et luttant aussi contre les effets de la pollution de l'air. Par ailleurs, du côté des producteurs, les exportations américaines augmenteront considérablement grâce au schiste. «La plupart des nouveaux approvisionnements américains seront destinés au marché de l'exportation sous forme de GNL ou de pipelines. Le développement des exportations de GNL américain apportera une flexibilité supplémentaire au marché mondial», indique l'AIE. Concernant le secteur d'utilisation finale, l'industrie sera le principal contributeur à l'augmentation de la demande mondiale de gaz jusqu'en 2023, surclassant ainsi la production d'électricité. Ce sera plus visible en Asie et dans certains pays émergents, privilégiant de plus en plus l'utilisation du gaz dans les procédés industriels en tant que matière première pour les produits chimiques et les engrais. La demande industrielle représentera plus de 40% de la croissance de la demande mondiale de gaz jusqu'à l'année 2023, contre 26% pour la production de l'électricité. Le GNL prendra de plus en plus de parts dans le commerce mondial du gaz en passant d'un tiers en 2017 à près de 40% en 2023. La capacité de liquéfaction augmentera de 30%, ce qui influencera la structure des prix et les flux commerciaux. La production américaine représentera près des trois quarts de la croissance des exportations mondiales de GNL ; les Etats-Unis sont suivis par l'Australie et la Russie. «La compétitivité des prix sera cruciale pour que le gaz s'implante fermement dans les marchés émergents. Cela nécessitera des réformes du marché, telles que le développement de pôles commerciaux, l'ouverture de l'aval à la concurrence et un accès équitable aux infrastructures», préconise l'AIE. Par contre, la demande de gaz naturel devrait stagner sur les marchés d'importation nets comme l'Europe, le Japon et la Corée. La Russie cherche à diversifier ses débouchés à l'exportation, notamment à travers le pipeline vers la Chine et les terminaux d'exportation de GNL. Pour devenir concurrentiels, les pays en développement doivent quant à eux «ouvrir davantage leurs propres marchés nationaux du gaz y compris la tarification du gaz fondée sur les mécanismes du marché», note l'AIE.