Ils ne sont pas nombreux ceux qui ont accordé du crédit à la menace proférée par le chef de l'exécutif de wilaya et le P/APW, celle de la fermeture de la cimenterie au cas où elle n'installerait pas des filtres à manche, comme elle s'y était engagée afin de faire cesser ses rejets poussiéreux dans l'atmosphère et les dommages en termes de maladies respiratoires qu'elle cause à la santé des habitants de Béni-Saf. En effet, le même avertissement a été adressé à plusieurs reprises depuis près d'une décennie, mais la nécessité de ne pas créer de tension sur la disponibilité du ciment a toujours été la plus forte. Il n'y a pas longtemps, en avril 2015, un représentant de la société des ciments de Béni-Saf (SCIBS) a solennellement déclaré devant l'APW la cessation à très brève échéance de la pollution atmosphérique qu'elle produit. Et pour faire oublier les précédentes annonces jamais suivies d'effet, ce représentant de SCIBS a exhibé la copie d'un contrat de livraison d'un filtre à manche devant être fourni par une société française. Mais, parce que supérieur à 300 millions de DA, le contrat d'un montant de 3 millions d'euros devait être validé à Alger en fin de semaine par le conseil d'administration du groupe ERCO, dont SCIBS dépend. Quant à la livraison, elle ne devait pas dépasser le mois, et comme à chaque fois, ce sont des raisons administratives qui sont invoquées pour justifier le report. La question se pose alors de savoir pourquoi les autres cimenteries, où ERCO dispose de la totalité des parts le même problème a été résolu. Il se trouve qu'à SCIBS, ERCO a un partenaire étranger à hauteur de 35% des parts et que ce dernier a contractuellement la haute main sur le management de l'usine. Or, ce partenaire a maille à partir avec la justice algérienne pour la scabreuse affaire d'une filiale de CNAN-Group, dont il est détenteur de 49% des parts. C'est en partie une des raisons qui expliquent les soucis administratifs évoqués, un euphémisme pour ne pas avouer la réalité. Du coup, d'aucuns s'interrogent sur la pertinence de l'engagement d'ERCO avec ce partenaire sur la réalisation d'une deuxième ligne à Béni-Saf. Doit-on continuer à se suffire du fait que de 722 760 t réalisées en 2004, l'année précédant son entrée en partenariat avec ERCO, la production de ciment a dépassé, en 2006, le million de tonnes, la capacité nominale de production de l'usine ? En 2008, avec 1 249 140 t produits, SCIBS est reconnue comme étant la plus performante de toutes les cimenteries du secteur public. Fallait-il y sacrifier en décidant en 2009 de la création d'une seconde ligne de ciment noir avec le même partenaire au motif que la production allait être triplée, cela au détriment des intérêts de la population? Comment peut-on dégager un financement pour une deuxième ligne et non pas pour l'acquisition de filtres ? Telles sont les questions qui se posent localement.