«Cette fois sera-t-elle vraiment la bonne?», se sont d'aucuns interrogés à l'annonce de la cessation à très brève échéance de la pollution atmosphérique générée par la cimenterie de Béni-Saf. La déclaration a été faite à la faveur d'une journée d'étude à l'initiative de l'APW et de la direction de l'Environnement sur la question de l'environnement. Et pour faire oublier les précédentes annonces jamais suivies d'effet, le représentant de la société des ciments de Béni-Saf (SCIBS) a exhibé la copie d'un contrat de livraison d'un filtre à manche devant être fourni par une société française. Mais, parce que supérieur à 300 millions de DA, le contrat d'un montant de 3 millions d'euros devra être validé par le conseil d'administration du groupe ERCO dont SCIBS dépend. Il le sera théoriquement à la fin de cette semaine alors que la livraison ne devrait pas dépasser le mois. Quant à l'installation du filtre, elle se fera «en temps masqué», c'est-à-dire que le dispositif sera monté élément par élément non pas directement sur le four qu'on devrait mettre à l'arrêt, et par conséquent faire cesser la production, mais à part. C'est une fois minutieusement monté que le four sera mis à l'arrêt durant près de trois semaines pour effectuer son installation. Ainsi, Béni-Saf pourra enfin respirer mieux et les affections respiratoires dont souffre la population baisseraient. Il n'en reste pas moins que les Béni-Safiens s'interrogent sur le retard de plusieurs années mis par SCIBS à installer une filtration salvatrice d'autant que toutes les cimenteries publiques se sont dotées d'un nouveau système de filtres. Est-ce que la décision n'a pu être prise en raison du partenariat depuis 2005 avec un actionnaire étranger à 35% des parts ? Car quelles autres causes ont retardé la prise de décision d'autant que la poussière qui embrume le ciel n'est pas un vulgaire déchet mais du clinker, le principal constituant du ciment, ce qui constitue une perte considérable sur la production de l'usine ? Au bout du compte, SCIBS n'a-t-elle réalisé cet investissement que parce que censément elle ne pouvait se lancer dans un autre, celui de la réalisation d'une deuxième ligne pour porter sa production actuelle d'un million de tonnes au double ? A-t-elle subi en ce sens des pressions de la part des autorités ? En l'absence de toute communication réelle de la part tant des autorités que de SCIBS, il est fort à parier que c'est cette éventualité qui a amené à la raison les propriétaires de l'usine.