Les recettes de la wilaya de Boumerdès ont connu une baisse sans précédent durant ces deux dernières années. Les responsables locaux, élus compris, semblent rattrapés par l'inefficience de la stratégie adoptée jusque-là pour booster le développement au niveau local. Au lieu d'encourager les investissements générateurs de richesses, ils se sont attelés pendant longtemps à dépenser sans compter. Approuvé jeudi dernier par les élus de l'APW, le montant du budget supplémentaire (BS) de l'année en cours ne dépasse pas 304 millions de dinars (MDA), dont 150 MDA, représentent le reliquat du budget précédent. En 2014, le BS était de l'ordre de 1143 MDA. Cette année, les revenus de la taxe d'activité professionnelle (TAP) et de l'indemnité forfaitaire unique (IFU) sont évalués à 64 MDA. Alors que les rentrées générées par la location des biens et des équipements sont de l'ordre de 4,4 MDA. Des montants insignifiants qui risquent de chuter encore dans les années ou les mois à venir. Comment remédier à cette situation? Les membres de la commission de l'économie et des finances de l'APW demandent la révision des prix de location des biens de la wilaya et l'ouverture des locaux se trouvant à la maison de la culture Rachid Mimouni. Est-ce suffisant ? Assurément non. L'augmentation des recettes passe par la promotion des investissements à travers la levée des contraintes qui entravent la concrétisation des centaines de projets annoncés depuis des lustres au niveau des zones d'activités et de dépôts (ZAD) de la région. Lors des débats, de nombreux élus ont dénoncé le faible taux de consommation des budgets précédents. Ainsi, sur les 3410 MDA de subventions dégagées dans le cadre du BS de 2015 au profit des 32 communes de la région pour la réalisation de projets d'intérêt public, seuls 2268 MDA ont été consommés, a-t-on précisé dans un document établi par la commission précitée. Même les aides réservées au volet fonctionnement n'échappent pas à cette règle. Cette année, l'APW y a consacré 109 MDA alors que plus de 47% des anciens montants ne sont pas dépensés. La commission fait état de 45 projets d'un coût de 400 MDA qui ont connu des retards dans la réalisation, précisant que 13 ne sont pas entamés. Malgré la baisse des recettes, aucune protestation n'a été exprimée par les élus quant au maintien des dépenses non prioritaires, telles que celles relatives aux cérémonies et réceptions officielles. L'APW y a consacré 5,5 MDA sur le BS, mais elle n'a dégagé que 2,7 MDA pour la Caisse de promotion des initiatives des jeunes et de la pratique sportive. Les élus semblent préoccupés autant par le confort des hauts responsables de la wilaya que par les soucis des jeunes livrés à leur triste sort à cause du manque d'infrastructures. Aussi, comment expliquer le fait de réserver une enveloppe de 19 MDA pour l'aménagement des espaces extérieurs au cabinet du wali, un espace qui se trouve dans un excellent état, et de rejeter la demande de subvention de 15 MDA exprimée par la DSP afin de doter certains services de santé en équipements médicaux ? L'APW dégage régulièrement plusieurs milliards pour le renouvellement du mobilier du secrétariat général et d'autres services de la wilaya. Alors que la priorité est à l'ouverture des bibliothèques (une quinzaine) fermées à ce jour faute de bureaux et de livres. Autant d'indices qui démontrent que la rationalisation et le choix des dépenses ne se fait guère selon les priorités dans la wilaya de Boumerdès.