Les négociations entre le gouvernement et les partis politiques concernés n'y changeront rien : il y aura des élections locales partielles en Kabylie et dans d'autres régions du pays. Sans fixer de date, Ahmed Ouyahia, le chef du gouvernement, a justifié hier, lors d'une conférence de presse, la réorganisation des élections dans cette région particulièrement par la non-représentativité des Assemblées populaires communales (APC). Sur les 52 APC que compte la wilaya de Béjaïa, 22 ont connu un taux de participation inférieur à 10%. 4 autres APC ont, quant à elles, connu une participation inférieure à 1%. La tendance a été presque identique à Tizi Ouzou où, sur un total de 67 APC, 30 ont connu un taux de participation très faible, moins de 1% pour 9. Dans d'autres circonscriptions, le nombre de votants a été inférieur au nombre de candidats. M. Ouyahia a rejeté l'idée de réorganiser les élections locales à l'échelle nationale, comme suggéré par le FFS, en raison de leur validation par le Conseil constitutionnel et du fait que le problème ne se pose que pour quelques wilayas. Après avoir reçu les partis de la coalition gouvernementale, le chef du gouvernement a annoncé des rounds de dialogue avec le FFS et le PT pour discuter de la dissolution et du renouvellement des assemblées. « La loi sera appliquée », a asséné M. Ouyahia, précisant que cette question relevait des prérogatives de l'Exécutif. Pour l'heure, seul le RND, dirigé par Ahmed Ouyahia, a accepté la démission de ses élus. Les autres ne se sont pas encore prononcés officiellement, même si le FLN, par la voix de son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, a expliqué qu'il n'était pas contre cette option. Il semble que la précipitation du RND à annoncer seul la démission de ses élus ait suscité des frictions avec ses alliés au gouvernement. La révocation des « indus élus », pour reprendre la formule consacrée, vient en application de l'accord signé entre le gouvernement et les archs en janvier 2004 pour l'application de la plate-forme d'El Kseur. Le gouvernement s'était alors engagé à prendre en charge les conséquences des événements de Kabylie, déclenchés suite au décès par balle d'un jeune lycéen dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala (Tizi Ouzou). « Les assemblées élues dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa ainsi que dans d'autres wilayas seront renouvelées conformément aux engagements du gouvernement pris lors du dialogue avec le mouvement citoyen des archs », a réitéré, hier, M. Ouyahia. « Pas de différend avec Bouteflika » Après avoir échoué une première fois sur la question de l'officialisation de la langue amazighe, le dialogue entre le gouvernement et les archs a repris en ce début d'année, et ce, dans le cadre de la politique de réconciliation nationale prônée par le président Abdelaziz Bouteflika. Défendant bec et ongles la politique du chef de l'Etat, M. Ouyahia a démenti tout désaccord avec M. Bouteflika. Il a expliqué que son soutien au Président est basé sur une « conviction » personnelle ainsi que sur une « convergence d'idées ». Une convergence d'idées qui l'a poussé à soutenir le projet d'amnistie générale, sans en connaître les contours. Interrogé sur cette question, le chef du gouvernement a refusé de répondre renvoyant l'assistance à l'initiateur du projet, le président Bouteflika en l'occurrence. « Il faut accorder du temps au premier magistrat du pays pour qu'il expose sa conception. Je ne suis que son assistant », a-t-il rétorqué, assurant que, quel que soit son contenu, le texte sera soumis à un référendum. Il s'est également référé au discours du chef de l'Etat, prononcé jeudi à Madrid, à l'occasion d'une conférence internationale sur le terrorisme. Un discours en partie axé sur la nécessité de traiter les causes du terrorisme, notamment à travers l'amélioration des conditions de vie des populations. S'agissant du recul des libertés, tel que dénoncé par de nombreuses ONG et partis politiques, Ahmed Ouyahia a déclaré que celles-ci « ne sont pas remises en cause ». « Nous vivons dans un pays qui refuse d'être à genoux », a-t-il rétorqué, précisant que les critiques émanent d'organisations étrangères pas toujours neutres, ayant une meilleure considération pour des pays moins avancés que l'Algérie en matière de démocratie et de droits de l'homme. Concernant le CNAPEST, un syndicat non agréé du secteur de l'éducation, M. Ouyahia a déclaré que cette organisation « fait dans l'anarchie ». Parallèlement à l'action en pénal introduite contre ce syndicat, le chef du gouvernement a soutenu que les enseignants ayant suivi le mot d'ordre de grève seront sanctionnés par des ponctions sur salaire. Sans préciser ses pensées, il a accusé le CNAPEST de verser dans « la politique ». Le choix de l'UGTA, comme seul syndicat interlocuteur du gouvernement, est motivé, selon lui, par une question de représentativité.