En hommage à l'écrivain Rachid Mimouni, dont c'était le 15e anniversaire de la disparition, il y a quatre jours, un colloque regroupant des écrivains, des universitaires et des chercheurs se tient depuis avant-hier à la maison de la culture qui porte son nom, dans la ville de Boumerdès. Les travaux de la 5e édition de cette manifestation, qui vont se poursuivre aujourd'hui encore, portent sur « L'utilisation du patrimoine populaire dans l'écriture romanesque ». Une dizaine de spécialistes ont été invités à cette occasion pour animer des conférences sur ce thème. Ainsi, juste après l'ouverture officielle, les hôtes de Boumerdès se sont succédé à la tribune pour décortiquer des textes d'auteurs algériens à la recherche de charges culturelles puisées dans le patrimoine populaire. Emboîtant le pas à Merzac Bagtache qui avait parlé du patrimoine dans l'œuvre de Kateb Yacine, Mohamed Lakhdar Maougal donnera, dans ce cadre, une lecture de Nedjma qu'il trouve chargée de références culturelles populaires ancestrales. Il dira que Kateb Yacine a puisé dans la monumentale Mouqadima d'Ibn Khaldoun les paradigmes de nomadisme/sédentarisme et ruralité/citadinité qu'il a mis en œuvre pour décrire le vécu tourmenté des personnages du roman. Djilali Khellas a, lui aussi, parlé de l'usage du patrimoine dans l'écriture romanesque, expliquant comment lui-même puise dans le vécu pour construire ses histoires. Il dira faire même usage des mythes dans ses compositions comme le parallèle qu'il fait entre le « détournement du Cheliff » suite à des conflits incessants et des bouleversements sociaux et politiques qui frappent les populations. Dans l'après-midi, le docteur Kamel Abdou a axé son intervention sur l'importance du fait de se raconter des histoires, lequel est reconduit dans les œuvres des romanciers algériens tout comme beaucoup d'histoires puisées dans le patrimoine populaire. Le professeur Aziz Naâmane parlera de l'usage des mythes persans et grecs dans la dernière œuvre du défunt Mohamed Dib, Simorgh, publiés quatre mois seulement avant sa mort. Aujourd'hui, on prévoit l'intervention du romancier Habib Ayoub, du docteur Zerad Djinet, du docteur Mohamed Meflah Abdenour et du docteur Abderrachid Nour. A souligner que Zineb Laouedj, Habib Ayoub et Abdelkader Bouderba ont été honorés, hier, par les organisateurs de la manifestation. A rappeler que Rachid Mimouni est né le 20 novembre 1945 à Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès, et qu'il est décédé le 12 février 1995 à Paris, après quelques années d'exil au Maroc, suite à la menace de mort que proférait à son encontre les terroristes islamistes.