– En France, 14 000 femmes enceintes ont été exposées à un traitement antiépileptique (Dépakine) potentiellement nocif pour leur futur bébé entre 2007 et 2014 a révélé une étude de l'Agence nationale de sécurité du médicament et de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés. Ce médicament est largement utilisé en Algérie. Qu'en est-il de la situation ? Effectivement, ce médicament est très utilisé, car il est efficace dans presque toutes les formes d'épilepsie de l'enfant, l'adolescent et l'adulte. C'est l'un des antiépileptiques les plus prescrits à l'échelle mondiale, comme en Algérie, et l'un des plus efficaces. Les effets secondaires et les risques de malformation du fœtus chez la femme enceinte épileptique sont connus depuis très longtemps. De plus, des données récentes montrent que les enfants exposés in utero au Valproate (Dépakine) ont un risque accru de présenter des troubles du comportement et du développement (syndromes appartenant au spectre de l'autisme) par rapport à des populations témoins. Les neurologues et les psychiatres évitent donc de prescrire ce médicament chez la femme en âge de procréer et la femme enceinte. – Avez-vous une idée du nombre de femmes enceintes traitées avec ce médicament ? Non, mais la Caisse nationale de sécurité sociale pourrait vous les donner, du moins ceux concernant les femmes en âge de procréer et qui sont traitées par ce médicament. – Les risques étaient connus depuis longtemps, pourquoi a-t-on continué à prescrire ce médicament ? Ce médicament est prescrit chez les épileptiques, sauf chez la femme enceinte comme mentionné, mais vous devez savoir que pendant la grossesse, les crises tonico-cloniques et l'état de mal épileptique avec hypoxie chez la mère peuvent entraîner des conséquences graves, voire mortelles, pour la mère et le fœtus. Si après évaluation attentive des risques et des bénéfices le traitement par le valproate devait absolument être maintenu pendant la grossesse (en l'absence d'alternative) il est nécessaire de prendre un certain nombre de précautions connues des spécialistes. Mais depuis quelques années, ces cas où la Dépakine est maintenue chez la femme enceinte devraient être très rares avec la disponibilité de nouvelles molécules antiépileptiques à moindre risque pour le fœtus. Ce genre de situation, où l'on revient sur les indications d'un médicament, n'est pas rare. Aussi c'est à l'autorité sanitaire (Agence nationale des médicaments ou direction de la santé) d'en informer les praticiens de santé publique et libéraux, en s'appuyant bien évidemment sur les avis des experts concernés.