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«Pour un bon diagnostic, il faut que les médecins interrogent l'entourage de l'épileptique»
Professeur au service de neurologie de l'établissement hospitalier spécialisé Aït Idir, Sadibelouiz préconise :
Publié dans La Tribune le 29 - 11 - 2008


Entretien réalisé par Nabila Belbachir
LA TRIBUNE : Voulez-vous nous expliquer ce qu'est exactement l'épilepsie ?
Pr Sadibelouiz : L'épilepsie est un désordre neurologique, une affection universelle parmi les plus anciennes que connaît l'humanité. Elle se caractérise par une tendance à des crises récurrentes qui peuvent aller de deux à plus. On peut aussi la définir en disant que c'est un syndrome qui a pour manifestation clinique un dysfonctionnement cérébral lié à une décharge paroxystique hypersynchrone d'un groupe de neurones du cortex cérébral. L'épilepsie est aussi une maladie chronique très différemment caractérisée par la répétition spontanée de crises épileptiques. 300 000 Algériens sont touchés par cette affection.
Quelles sont les causes de cette maladie ?
L'épilepsie est souvent mais pas toujours le résultat d'une maladie cérébrale sous-jacente. N'importe quelle maladie du cerveau peut provoquer une épilepsie, mais tous les patients atteints de la même maladie du cerveau ne seront pas atteints d'épilepsie. Il y a encore beaucoup de gens souffrant d'épilepsie pour lesquels l'on ne peut pas identifier la cause. Dans ces cas-là, la théorie la plus largement acceptée à l'heure actuelle est qu'elle est le résultat d'un déséquilibre entre certaines substances chimiques dans le cerveau, en particulier les messagers chimiques, connus sous le nom de neurotransmetteurs. Les enfants et les adolescents sont plus susceptibles de souffrir d'épilepsie d'origine inconnue ou génétique. Plus le patient est âgé, plus il y a de chances que la cause de la maladie soit une maladie cérébrale sous-jacente comme une tumeur au cerveau ou une maladie cérébro-vasculaire. Un traumatisme ou une infection du cerveau peuvent entraîner une crise. Une maladie fébrile peut, chez les jeunes enfants, déclencher des crises dites
convulsions fébriles.
Comment se présentent ces crises ?
On ne peut pas les prévoir. Il est impossible de les décrire toutes car elles diffèrent les unes des autres. Elles sont aussi produites par des mécanismes différents. En effet, il existe des crises convulsives et d'autres qui ne le sont pas. Elles peuvent être partielles ou généralisées, elles peuvent, ou non, s'accompagner de perte de connaissance et être uniquement motrices ou sensorielles et survenir en pleine conscience. Ce qui est important, pour le diagnostic et pour le traitement, c'est que la personne atteinte, ou son entourage, puisse donner une bonne description des crises et de leur déroulement, car c'est cela qui va permettre de reconnaître les différents types de crises.
Peut-on savoir quelles sont les différentes crises d'épilepsie et la différence entre chaque type ?
Les manifestations de différentes crises dépendent de la partie du cerveau touchée et de l'étendue de la région atteinte. Il y a deux grands type de crises : épilepsie généralisée et partielle. Pour le premier type de crises, ce sont des décharges intéressant l'ensemble du cortex cérébral. Il y a trois catégories de crises généralisées : la première est la crise tonico-clonique (ou grand mal). Elle provoque une perte de conscience, une chute, la contraction tonique en flexion/extension de l'ensemble du corps (phase tonique), suivies de secousses cloniques aux 4 membres (écume aux lèvres, révulsion oculaire) en phase convulsivante, ensuite il y a le coma hypotonique calme avec respiration bruyante, morsure de langue et perte d'urine (phase stertoreuse), le réveil est progressif avec amnésie et confusion.
La deuxième c'est les absences (ou petit mal) : elles touchent surtout les enfants et les adolescents. Il y a une perte de contact (regard fixe et vide), les débuts et fins sont brusques, avec clonies palpébrales et automatismes gestuels. Il y a ensuite reprise de l'activité avec amnésie de la crise, et seul l'interrogatoire de l'entourage permet de confirmer le diagnostic.
Le deuxième grand type est l'épilepsie partielle, c'est-à-dire les décharges, qui concernent une partie limitée du cortex cérébral avec ou sans troubles de la conscience. Elles peuvent secondairement se généraliser. Il existe différents types selon l'aire cérébrale touchée, pour ne pas entrer dans les détails, je les résume juste en les citant : crises sensorielles, crises motrices, crises sensitives et bien d'autres. L'épilepsie de l'enfant est bénigne alors que chez l'adulte elle entraîne souvent des complications.
C'est pour cela qu'on parle souvent d'une épilepsie idiopathique quant il n'y a pas de cause et de symptomatique lorsqu'on trouve une lésion cérébrale ou une cause.
Quels sont les signes apparents d'une crise ?
La personne paraît frappée de stupeur. Elle perd souvent brutalement connaissance, tombe à terre puis est prise de convulsions, de tremblements, de mouvements incontrôlables de la tête et des membres. Assez souvent, durant la crise, elle se mord la langue et perd son urine. Quelques minutes plus tard, elle reprend connaissance, mais ne garde aucun souvenir de l'événement.
Comment reconnaître une crise d'épilepsie ?
Il n'y a rien qui nous oriente à reconnaître cette maladie. Le seul moyen est d'interroger le patient ; c'est la base de notre examen. Interroger un témoin qui peut être le père, la mère, la sœur, le frère, un ami ou d'autres… pour connaître les grands symptômes.
Et nous, en tant que médecins, nous pouvons procéder à d'autres examens pour confirmer ou infirmer le diagnostic.
Et là, j'appelle les médecins généralistes à interroger l'entourage de l'épileptique. On peut faire un diagnostic dans 60% des cas, seulement en interrogeant le malade, tout en essayant de recueillir le maximum d'éléments qui identifient une crise d'épilepsie.
Les examens cliniques sont là pour confirmer le diagnostic. Il s'agit de l'électroencéphalogramme (EEG) par lequel on réalise une stimulation lumineuse intermittente et une hyperpnée, ce qui permet de déclencher une crise. On analyse ensuite les tracés et on définit si la crise est un signe de la maladie ou juste une crise secondaire. Il y a aussi le scanner cérébral au moyen duquel on recherche une lésion sous-jacente (avec et sans injection), l'IRM cérébrale (rarement pour une première crise), et d'autres
examens, orientés en fonction de chaque cas.
Comment agir face à une personne qui déclenche une crise d'épilepsie ?
La plupart des crises surviennent de façon inattendue. Elles sont de courte durée et s'arrêtent d'elles-mêmes.
La majorité des malades ne se blessent pas au cours de la crise et n'ont en général besoin ni d'une hospitalisation ni de l'intervention d'un médecin, sauf s'il s'agit d'une première crise. Par contre, il faut éviter qu'il se blesse, en le retenant. L'allonger par terre et le laisser se convulser et faire sa crise normalement. Il ne faut jamais lui donner à boire ni lui mettre quelque chose dans la bouche, car cela risque de l'étouffer. En plus de cela, il serait nécessaire de mettre fin aux «khouraifete» [anciennes croyances, ndlr], entre autres, celle qui consiste à lui mettre une clé dans le creux de la main pour faire cesser les convulsions. Il n'en est rien de tout cela. Il faut changer cette mentalité et inculquer les premiers soins de secourisme pour faire face à n'importe quelle crise. En cas de crise d'épilepsie, ne faites pas bouger la personne concernée et ne tentez surtout pas de l'immobiliser de force, sauf si elle semble mettre sa vie en danger. Écartez d'elle tous les objets et meubles susceptibles de la blesser. Faites le vide autour d'elle de façon à lui donner de l'air, et éloignez les curieux. Après la crise, placez-la sur le côté et laissez-la récupérer tranquillement. Ne jamais placer quelque chose dans la bouche de la victime pour dégager sa langue : la personne risque involontairement de vous mordre.
Qu'en est-il de la prise en charge de cette maladie, notamment sur le plan des infrastructures ?
Sur ce plan, je suis confiant parce que tous les services de neurologie prennent en charge la maladie de l'épilepsie. Même les pédiatres collaborent avec nous. La prise en charge est sur la bonne voie. Seulement, elle nécessite un potentiel humain, des médecins spécialistes, et aujourd'hui nous en sommes à 300 neurologues. Ce qui profitable pour nous.
Quelles sont les mesures prises concernant le traitement et le remboursement des frais médicaux de cette maladie, de plus en
plus fréquente ?
Nous, en tant que spécialistes, nous appellons les parents des malades à s'impliquer pour créer une association à caractère social pour une meilleure prise en charge. Elle pourra également nous aider dans l'enregistrement des données et pourquoi pas la création d'un registre en la matière. Nous sommes également optimistes par rapport aux nouvelles molécules qui sont disponibles en Algérie. On peut traiter 80% des épileptiques sans difficulté. Quant au traitement, il est disponible et à la portée de toutes les bourses, notamment la moyenne. Un simple traitement coûte 1 200 DA. Pratiquement, ceux qui font l'objet d'une épilepsie chronique sont pris en charge à 100% par la Sécurité sociale.
Il faut aussi savoir que presque tous les médicaments sont remboursables.
Quelle est la frange la plus touchée par cette maladie ?
L'épilepsie touche surtout les enfants et se situe entre 60 et 75%. L'épilepsie de l'enfant disparaît à l'âge de 6 ans alors que celle de l'adolescent disparaît à l'âge adulte. Même les adultes peuvent être touchés par cette affection cérébrale. L'épilepsie qui apparaît à l'âge adulte est souvent le symptôme d'un trouble sous-jacent, par exemple une mauvaise irrigation sanguine du cerveau, une tumeur cérébrale ou une blessure antérieure à la tête. Les crises surviennent en l'absence de traitement ou si celui-ci est mal équilibré.
Y a-t-il eu des décès dus à une crise d'épilepsie ?
L'épilepsie n'est pas une maladie qui entraîne le décès. La mort peut survenir suite à d'autres complications. Mais elle peut entraîner des séquelles, tels les AVC ou une hémiplégie (paralysie partielle).
Que préconisez-vous aux parents d'un épileptique ?
Ne jamais s'alarmer. L'épilepsie est considérée comme une maladie traitable et curable. Ils doivent observer et surveiller la prise du traitement et respecter les consignes du médecin traitant. Il faut également respecter l'hygiène de vie, par exemple le sommeil.
Dans les établissements scolaires, il faut mettre en place des médecins scolaires qui pourront signaler la moindre anomalie aux parents. Je préconise également la création et l'ouverture de postes à des spécialistes à l'intérieur du pays pour prendre en charge cette pathologie.


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