Les citoyens à revenus moyens sont «les grands oubliés» de la politique du logement en Algérie. Dans la wilaya de Boumerdès, les programmes d'habitat destinés à cette catégorie sont presque tous au point mort. Selon nos sources, aucun appartement de type promotionnel aidé (LPA) parmi les 4850 affectés aux collectivités locales en 2010 n'est achevé. La direction du logement fait état de 1680 unités en cours de réalisation, mais la plupart des chantiers avancent très lentement. Seul le projet des 100 LPA de Corso, dont les bénéficiaires sont tous de hauts cadres de la wilaya, pourrait être livré d'ici la fin de l'année. Même les programmes de logement socio-participatifs (LSP) ne sont pas épargnés par les blocages. La wilaya compte plus de 3000 unités qui tardent à être construites. L'accès à ce type de logement, dont le prix est fixé par l'Etat à 2 800 000 DA, est réalisé selon un montage financier qui comprend l'apport personnel de l'intéressé, un crédit bonifié et une aide de la CNL allant de 400 000 à 700 000 DA qui sera versée au promoteur. Cependant, le financement des projets inscrits s'est avéré très compliqué. Et la plupart des promoteurs n'ont pas respecté leurs engagements ; certains se sont adonnés à des pratiques frauduleuses en arnaquant les souscripteurs, comme c'est le cas à Bordj Menaïel et Naciria. Aujourd'hui, les postulants à ce type de logements ne savent plus à quelle porte frapper pour s'enquérir des suites réservées à leur dossier. «Cela fait dix ans qu'on n'a pas entendu parler d'une opération d'attribution de logements sociaux participatifs au niveau de notre wilaya. L'Etat ne se soucie nullement des familles dont les revenus ne permettent pas de bénéficier d'un toit dans le cadre social ou d'acquérir un appartement chez les promoteurs privés», s'indigne Madjid, 43 ans, employé à Sonelgaz. Ce père de trois enfants loue un F3 depuis 4 ans à Thénia à raison de 18 000 DA/mois. «Heureusement que ma femme travaille, sinon, on ne parviendrait pas à nourrir nos enfants et à couvrir les frais de loyer et les autres charges à la fin du mois», confie-t-il. Ce couple a postulé au programme des 100 LPA prévu à Seghirat, dans la commune de Thénia. «La liste des bénéficiaires a été établie depuis plusieurs années, mais le projet n'a pas démarré», dénonce Madjid. La daïra de Thénia a eu droit à un programme de 350 LPA et 403 LSP depuis 2001. Néanmoins, seules 252 unités LSP ont été réalisées. Le reste connaît des blocages à cause du désistement des promoteurs et la complexité des procédures de déclassement des terrains devant les abriter. À Boumerdès, 350 LPA ne sont pas encore entamés, dont 150 à Figuier et 200 à Corso. La daïra de Khemis El Khechna compte 1100 LPA qui connaissent des retards dans la réalisation, Bordj Menaiel 820, Boudouaou 550, Issers 400, Dellys 280…