Elles constituent toutefois des jalons pratiques pour concevoir l'évolution dans le temps de la production littéraire dans un espace donné, le cas échéant l'Algérie. Une fois n'est pas coutume, une rencontre se propose d'esquisser les contours d'une génération en devenir. La génération actuelle, pour ainsi dire. Parrainé par le grand écrivain Waciny Laredj, la rencontre s'intitule «Littérature algérienne, 3e génération». Au-delà du jeu de mots avec la 3G, un tel intitulé questionne l'évolution de notre littérature. Peut-on dire que l'on est face à une nouvelle génération qui a opéré une rupture, ou qui, du moins, se différencie, des générations précédentes ? Car le qualificatif de nouvelle génération ne saurait se réduire à une jeunesse biologique. L'évolution des productions littéraires ne suit pas forcément les générations démographiques. Certains renouvellements de générations tardent à arriver et d'autres sont éclipsés par les prestigieux prédécesseurs ou les fougueux successeurs. D'autres questions se posent également : existe-t-il de nouvelles formes et de nouvelles thématiques qui émergent ? Le positionnement de l'écrivain et son rapport à la société ont-ils évolué ? Et dans quels sens ? L'évolution est-elle parallèle entre les différentes langues d'écriture et entre différents écrivains ? Quid donc de cette troisième génération ? Autant de questions et bien d'autres, qui ne manqueront pas de se poser cet après-midi, 14h à la salle du SILA, en présence d'un appréciable panel d'auteurs d'horizons divers. Deux des lauréats du prix Assia Djebar de l'année passée (la remise des prix pour l'édition 2016 n'aura pas lieu durant le SILA mais en décembre) seront présents dans la première discussion, à savoir Amine Aït Hadi et Abdelouahab Aïssaoui. On annonce également Kaouthar Adimi qui se distingue par ses récits intimistes sur la vie des jeunes urbains algérois et Nassima Bouloufa, auteure de polars remarqués. Abderrezak Boukeba témoignera aussi de son parcours avec des romans qui lorgnent du côté de la poésie et mêlent allègrement réalisme et absurde. Le critique universitaire Lounis Benali sera également de la partie pour proposer la vision d'un jeune chercheur sur la littérature écrite par les jeunes. La tâche n'est pas aisée tant il est ardu de regrouper le relatif foisonnement créatif (où l'on trouve le meilleur et le pire) dans un seul mouvement. Ce panel discutera des thématiques émergentes dans les œuvres des jeunes auteurs. Un deuxième panel abordera, quant à lui, les expériences d'écriture. On y rencontrera un autre lauréat du prix Assia Djebar en la personne de Rachid Boukharoub mais aussi notre confrère Mustapha Benfodil, auteur de plusieurs romans et pièces de théâtre. Nacer Salmi, lauréat du prix Katara 2016 du meilleur manuscrit, sera aussi présent aux côtés de Hadjer Kouidri, Ismaïl Ibrir, Anis Mezzaour et Lamine Bentoumi. Ces jeunes auteurs, au talent déjà confirmé, évoqueront leur parcours d'écriture qui s'oriente souvent vers le roman. Le genre est aujourd'hui incontournable tant pour les auteurs de langue arabe que française. Il s'agira également de leur vie d'écrivains qui partagent, pour beaucoup d'entre eux, leur plume entre l'écriture littéraire et journalistique. Autant de témoignages vivants qui permettent d'envisager les contours de notre scène littéraire actuelle et, pourquoi pas, d'esquisser son évolution future.