Il y avait foule, samedi dernier, au Sila. Jamais la salle n'a enregistré une telle affluence, à tel point que les gens sont restés debout durant toute la rencontre littéraire parrainée et modérée par l'écrivain Waciny Laâredj. « La littérature algérienne 3e génération, ce n'est pas très clair, pour moi, il n'y a pas de génération en écriture », dira-t-il. Il s'est ensuite interrogé sur le renouveau et le défi de l'écrivain ? Ou plutôt l'écriture elle-même qui détermine la qualité et la valeur de l'écrivain. » Abderrezak Boukeba a récusé la notion « Littérature 3e génération ». « C'est une appellation mécanique à laquelle je n'adhère pas. Je refuse de me cantonner dans un registre précis et dans une génération. Je suis un auteur de la vie, du monde », soutient-il. Nassima Bouloufa, journaliste et romancière, a raconté son expérience. « Dans mes romans, j'écris dans un discours simple afin que tous les lecteurs assimilent mes écrits. J'admets que j'ai un penchant pour les petites histoires et surtout le roman policier. Je qualifie mon écriture d'élémentaire et populaire. Je dois dire que mon métier de journalise m'a facilité la tâche ». Abdelouahab Aïssaoui, auteur et lauréat du Prix Assia-Djebar dans la langue arabe avec son roman « Sierra de muerte » (la montagne des morts) a évoqué son travail. « Mon ouvrage traite l'histoire de soldats espagnols incarcérés durant la Seconde Guerre mondiale, dans le Sud algérien. Ce prix m'a permis d'être médiatisé. Cette consécration m'impose une certaine responsabilité notamment sur la qualité des écrits », révèle-t-il. Le lauréat du 1er prix Assia-Djebar dans la langue amazigh pour « Tisslit u Ghanim » (La poupée de roseau), Rachid Boukharoub témoigne. « J'ai édité mon premier roman, l'an passé. Mon second ‘'Lève ta main'' est paru il y a une semaine. Le premier relate l'histoire d'une fillette qui a vécu les années soixante-dix dans la campagne kabyle. Elle a subi toutes sortes de misère. J'ai suivi toutes les étapes de sa vie, avec ses dimensions culturelles, sociologiques et sociales. Le second roman est pratiquement la suite du premier même si sa structure en fait une œuvre à part ». Présents à la rencontre par les critiques, Lounis Benali et Lyamine Bentoumi se sont, eux aussi, montrés sceptiques sur cette notion de « 3e génération d'écrivains algériens ». « Parler de renouvellement de l'écriture littéraire sous le prisme du rapport entre les générations c'est tomber dans le piège du ‘'darwinisme'' en considérant les écrivains comme des ‘'espèces animales'' en conflit permanent entre elles pour pouvoir exister », a asséné Lounis Benali. Son collègue Lyamine Bentoumi a été tout aussi sévère lors de son intervention. Ce dernier a estimé que les écrivains algériens, tous âges confondus, constituaient « des individualités éparses » et non « un bloc » capable de se reconnaître dans le terme de génération ». Annoncés dans le programme de la rencontre, Mustapha Benfodil et Amine Aït Hadi, lauréat en 2015 du Grand Prix Assia-Djebar, n'étaient pas présents.