Acculé par la nécessité de mieux gérer ses dépenses dans une conjoncture de baisse des recettes pétrolières, le gouvernement compte abandonner définitivement sa politique de subvention à tout-va, en vigueur depuis des années, au profit d'un «nouveau système permettant d'instaurer un ciblage des aides financières indirectes». Intervenant, jeudi, en marge d'une séance consacrée aux questions orales à l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, a expliqué que «le gouvernement compte, à l'avenir, consacrer ces subventions aux nécessiteux à travers un nouveau système qui est en cours de préparation». Il a précisé, cependant, que dans le projet de loi de finances 2017, «l'Etat n'a pas renoncé à la politique de subventions qui sera maintenue pour tous, jusqu'au parachèvement de ce nouveau système». Il est à savoir en effet que les dépenses sociales affectées au soutien des prix des aliments de base, mais aussi à l'éducation, la santé, l'énergie et autres secteurs, coûtent au Trésor public l'équivalent de 30% du PIB du pays, soit un peu plus de 60 milliards de dollars annuellement. Des subventions qui, faut-il le souligner, outre les nécessiteux, profitent particulièrement aux riches et grèvent les caisses de l'Etat, contraint depuis au moins deux années déjà de puiser dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), aujourd'hui quasiment à sec. Qualifiées par la Banque mondiale d'«inefficaces, inéquitables et coûteuses», ces subventions font, depuis quelque temps, l'objet d'un vif débat entre les experts, mais aussi les responsables d'organisations patronales. Se référant à des chiffres révélés par le Fonds monétaire international (FMI), le patron du FCE, Ali Haddad, a indiqué récemment que le gouvernement dépense l'équivalent de 18% du PIB pour le soutien des prix, soit 30 milliards de dollars par an. Les carburants coûtent, à eux seuls, environ 10,5% du PIB algérien. Pour Ali Haddad, «l'Etat doit impérativement aller vers des subventions ciblées au profit des handicapés et des nécessiteux», soutenant qu'il serait absurde qu'«un touriste passe son séjour sur le dos du Trésor public». Le FMI, faut-il le rappeler, a adressé au gouvernement, en mars dernier, des recommandations l'encourageant à poursuivre et à approfondir la refonte du système des subventions. L'Institution monétaire rappelle que le soutien des prix de certains produits «profite avant tout aux 20% des ménages les plus riches, qui captent l'essentiel des subventions, notamment pour les carburants». Et de préciser que le système de distribution à caractère social «est contraire à ses objectifs initiaux». C'est la raison pour laquelle le système de subventions «doit être réformé et rationalisé, au même titre que les dépenses publiques, afin d'aller vers un ciblage plus précis et profiter aux populations les plus défavorisées», souligne le FMI dans ses recommandations. Chiffres à l'appui, le Fonds monétaire indique que les subventions aux produits énergétiques sont à peu près équivalentes aux recettes fiscales ordinaires (hors fiscalité pétrolière), soit plus que 2 fois les dépenses des ministères de l'Education et de la Santé réunis. Il faut dire, cependant, que la suppression des subventions généralisées ne sera pas une tâche facile pour le gouvernement, en ce sens qu'elle nécessite la mise en place préalable d'un mécanisme de compensation destiné à protéger les couches sociales les plus défavorisées. Mais pas seulement, car il faut surtout souligner la difficulté ou le risque que comporte une telle action sur le plan social, ou même sur le plan politique.