Tout porte à croire qu'une seconde modification du dispositif réglementaire régissant les subventions des produits de large consommation sera bientôt décidée par le gouvernement, du moins pour le lait pasteurisé commercialisé en sachet. Après avoir revu à la hausse, en mars 2016, la marge bénéficiaire des distributeurs, passée de 0,75 à 0,90 DA/litre, une deuxième révision concernera, cette fois-ci, le prix final à la consommation du même produit fixé à 25 DA mais qui devra coûter, dès lors, entre 30 et 33 DA le litre, suite à l'abandon dès le mois prochain de l'emballage dans les sachets et son remplacement par les briques en carton. Ainsi, le caractère « sacré » que le gouvernement a toujours voulu maintenir sur sa mission sociale, à travers sa politique de subvention, devra progressivement s'estomper sous le poids d'une conjoncture financière défavorable induite par la baisse des recettes pétrolières. Les arguments économiques pour ce « revirement » ne vont pas manquer, à chaque fois qu'il s'agira de revoir ou d'ajuster le prix d'un produit subventionné. C'est le cas du lait dont le prix connaîtra une augmentation, en raison de l'introduction d'un nouveau processus de production à travers un emballage en carton, mais qui coûtera au groupe public, Giplait, des frais de production supplémentaire supportés, au final, par le consommateur. Le groupe laitier avait indiqué, il y a quelques jours, qu'un nouveau matériel a été acquis pour la somme de 14 millions d'euros afin d'assurer la migration du sachet en plastique vers la boîte en carton. Intervenant, jeudi sur les ondes de la Radio nationale, le président du Comité national interprofessionnel du lait (CNIL), Mahmoud Benchakour, était catégorique : Ce nouvel emballage va « induire automatiquement une augmentation du prix du lait subventionné de l'ordre de 5 à 8 DA ». Il n'a pas expliqué, cependant, par quelles modalités ces augmentations entreront en vigueur, sachant que le prix du lait est soumis, à l'instar de ceux de la semoule de blé dur ou de la farine panifiable par un dispositif règlementaires permettant la fixation des prix et le plafonnement des marges. L'on ne sait pas, pour l'heure, si d'autres produits seront touchés par une pareille augmentation, d'autant que le gouvernement a déjà annoncé un nouveau système de subvention est en cours de préparation visant, comme le réclament beaucoup d'économistes, un meilleur ciblage des couches sociales nécessitant un soutien de la part des pouvoirs publics. Il est à savoir en effet que les dépenses sociales affectées au soutien des prix des aliments de base, mais aussi à l'éducation, la santé, l'énergie et autres secteurs, coûtent au Trésor public l'équivalent de 30% du PIB du pays, soit un peu plus de 60 milliards de dollars annuellement. Des subventions qui, faut-il le souligner, outre les nécessiteux, profitent particulièrement aux riches et grèvent les caisses de l'Etat, contraint depuis au moins deux années déjà de puiser dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), aujourd'hui quasiment à sec. Le FMI, faut-il le rappeler, a adressé au gouvernement, en mars dernier, des recommandations l'encourageant à poursuivre et à approfondir la refonte du système des subventions. L'Institution monétaire rappelle que le soutien des prix de certains produits «profite avant tout aux 20% des ménages les plus riches, qui captent l'essentiel des subventions, notamment pour les carburants». Et de préciser que le système de distribution à caractère social «est contraire à ses objectifs initiaux». Il faut dire cependant la levée des subventions, ou leur révision, ne sera pas une tâche facile pour le gouvernement, en ce sens qu'elle nécessite la mise en place préalable d'un mécanisme de compensation destiné à protéger les couches sociales les plus défavorisées.