Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, a révélé, jeudi, l'existence d'un plan en cours d'élaboration avec les experts de la Banque mondiale (BM) visant à «restreindre les subventions énergétiques et à introduire des transferts en espèces pour ceux qui en ont le plus besoin». Dans une interview accordée à l'agence de presse américaine Bloomberg, à Djeddah, en Arabie Saoudite, en marge d'une conférence de la Banque islamique de développement, le ministre a précisé que ce plan répond, quelque part, aux dernières recommandations de l'Opep qui a appelé ses pays membres «à réduire les dépenses tout en évitant des troubles». Et d'ajouter que «sa mise en œuvre se fera de manière progressive». En fait, le premier argentier du pays n'a fait que réitérer la volonté des pouvoirs publics d'abandonner définitivement sa politique de subventions à tout-va, en vigueur depuis des années, au profit d'un «nouveau système permettant d'instaurer un ciblage des aides financières indirectes». M. Baba Ammi avait indiqué, il y a quelques mois, que «le gouvernement compte, à l'avenir, consacrer ces subventions aux nécessiteux à travers un nouveau système qui est en cours de préparation». On sait maintenant que ce nouveau système est élaboré sous l'assistance de la Banque mondiale, qui avait d'ailleurs qualifié dans un rapport le système de subventions algérien d'«inefficace, inéquitable et coûteux». Les dépenses sociales affectées au soutien des prix des aliments de base, mais aussi à l'éducation, la santé, l'énergie et autres secteurs coûtent au Trésor public l'équivalent de 27% du PIB du pays (dont environ 10,5% rien que pour les carburants, soit un peu plus de 60 milliards de dollars annuellement). «Notre politique consiste à gérer la transition», a indiqué le ministre des Finances à l'agence américaine, précisant que «la poursuite des soins de santé universels gratuits n'est pas possible». Sur le plan conjoncturel, le ministre a rappelé que «l'Algérie n'a pas l'intention de revenir à des emprunts extérieurs», mais qu'il serait souhaitable que le financement des projets se fasse sous forme de partenariats public-privé. Acculés par la nécessité de mieux gérer ces dépenses, dans une conjoncture de baisse des recettes pétrolières, les pouvoirs publics se voient contraints de revoir plusieurs modes de fonctionnement de l'économie nationale, d'autant que depuis 2014, les caisses de l'Etat se sont dangereusement vidées enregistrant, en 2016, un déficit des comptes courants évalué à 12% du PIB. Cette année, cependant, il devrait descendre, selon les estimations du FMI, à seulement 2,5%, et à 2,1% en 2018, grâce au rebond des prix du pétrole et une restriction drastique des importations. En mars dernier, le FMI avait souligné, à l'issue d'une mission effectuée en Algérie, que l'assainissement budgétaire du pays devrait être basé sur «l'élargissement de l'assiette fiscale, la rationalisation des dépenses et le remplacement progressif des subventions énergétiques, en offrant un soutien direct aux plus démunis». Il mettra en garde, cependant, contre «une réduction trop abrupte du déficit budgétaire» afin d'éviter le risque d'un ralentissement brutal de la croissance.